La prise en charge de la lutte contre les violences faites aux femmes n'est pas le propre d'un seul pays. Les expériences algérienne et espagnole en la matière ont fait, jeudi dernier à Alger, l'objet d'un débat. Organisée par le Centre d'information et de documentation sur les droits de l'enfant et de la femme (CIDDEF), l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID), en collaboration avec l'ambassade d'Espagne en Algérie et l'Institut Cervantès, cette rencontre a permis d'apporter un éclairage sur le parcours mené dans les deux pays pour l'égalité des chances et l'amélioration des conditions des femmes. Contrairement à ce qu'on peut croire, la situation des femmes en Espagne n'a connu une amélioration par l'amorce de la lutte contre les violences à son égard, qu'en 2004 avec la promulgation de la loi 1/2004 du 28 décembre et l'instauration du ministère de l'Egalité qui, aujourd'hui, n'existe plus. Pour Miguel Lorente Acosta, médecin légiste, délégué au ministère de l'Egalité, « la violence doit trouver sa solution non pas dans une loi qui ne peut, à elle seule, éradiquer ce phénomène, mais avec l'implication des différents acteurs de la société ». Le coordinateur des Nations unies en Algérie, Mamadou Mbaye, a, pour sa part, rappelé la disposition de son institution à « accompagner les Etats mais aussi la société civile qui luttent pour le bien-être de la femme ». De son côté, Mme Maria, juriste espagnole, estime que « la société civile a la responsabilité de veiller à l'application effective des lois, et celle de 2004 a été très importante dans la lutte contre la violence envers les femmes ». Mme Maria avoue que « la spécialisation dans le domaine juridique est importante pour mieux agir dans la prise en charge ». Toutefois, des obstacles entravent les textes de loi qui ne trouvent pas le support budgétaire nécessaire. L'intervenante fera remarquer que l'année 2011 a enregistré 593.038 victimes de violences mais seulement 134.002 ont porté plainte. L'évolution des plaintes de 2007 à 2012 a été de l'ordre de 4,3% alors que les affaires classées par la justice ont connu une augmentation de 158%. Pour la présidente du CIDDEF, Aït Zaï Nadia, « depuis une année, un observatoire est installé pour mieux prendre en charge les femmes violentées ». « Les rapports de la police et de la Gendarmerie attestent d'une augmentation de 1 000 nouveaux cas par an », poursuit-elle avant d'ajouter : « Le code de la famille est une violence à l'égard de la femme, bien que des amendements aient été introduits et que d'autres lois soient égalitaires mais restent discriminatoires pour diverses raisons ». Elle annoncera qu'un projet de loi, déposé par 40 parlementaires sanctionnant les violences envers les femmes, devrait être soumis prochainement pour approbation.