Le forum culturel hebdomadaire du quotidien El Moudjahid a rendu, hier, un hommage au romancier Mouloud Feraoun, en présence de son fils Ali et sa fille Fazia. Ces derniers ont évoqué leur père en présence, notamment d'anciens normaliens. Un film documentaire qui retrace la vie et l'œuvre de l'écrivain a été projeté à cette occasion. Le point nodal autour duquel la discussion a tourné a été incontestablement l'engagement de l'auteur de l'oeuvre « Le fils du pauvre » pendant la guerre d'Algérie. Ali Feraoun a affirmé, à ce propos, que son père a contribué à l'effort de guerre en collaborant avec le colonel Mohammedi Saïd : « Au lendemain de l'Indépendance, celui-ci nous a signé une lettre pour pouvoir établir une attestation communale ». Il a, en outre, soutenu que l'œuvre de son père, assassiné à la fin de la lutte de libération nationale par l'Organisation armée secrète (OAS) est l'illustration parfaite de son engagement pour l'Indépendance du pays. Il est aussi utile de souligner que la description faite par l'écrivain des conditions de vie insupportables des villageois, sa position clairement affirmée dans sa correspondance sont autant de preuves de militantisme. Ali Feraoun, également président de la Fondation qui porte le nom de son père, a estimé, sur un autre plan, que Ali Mouzaoui, le réalisateur du film documentaire, a restitué l'écrivain à son peuple. Il a, par ailleurs, rassuré les jeunes lecteurs que d'ici à juin prochain, la fondation qu'il préside traduira en arabe toute l'œuvre romanesque de Mouloud Feraoun pour la rendre plus accessible et à la portée de tout le monde. Il est aussi question de la publication, à partir d'avril prochain, dans la revue « Fouroulou », des textes et des documents de l'écrivain encore méconnus du grand public. Fazia Feraoun a souligné, à propos du documentaire, que celui-ci rend parfaitement les attitudes et le comportement de son père. « Longtemps, l'on n'a pas eu un discours neutre sur l'écrivain, mais plutôt violent, car pendant un certain temps, beaucoup n'ont pas vraiment compris mon père. Je suis très contente qu'on donne, cinquante ans après son assassinat, une image réelle de lui. On commence à entendre un discours plus proche de la réalité », a-t-elle fait savoir. Et d'ajouter : « On parle aujourd'hui de mon père plus en tant qu'écrivain et créateur ».