Après " Mimazrane", un conte berbère signé à la faveur de " Alger capitale de la culture arabe", Ali Mouzaoui se tourne vers une autre figure légendaire de la Kabylie mais cette fois -ci littéraire. Il s'agit de Mouloud Feraoun, l'auteur de l'illustre, " Fils du pauvre" assassiné le 15 mars 1962 par l'OAS (Organisation de l'armée secrète) au Château Royal de Ben Aknoun. Le clap a été donné ce week- end à la maison de la culture de Tizi- Ouzou en présence de Ali Feraoun, le fils de l'écrivain et promoteur des ouvrages de son père. Intitulé, " Mouloud Feraoun", cette œuvre sera un film documentaire-fiction dans laquelle le réalisateur tentera de dresser un portrait authentique de l'un des premiers écrivains algériens d'expression française. Il y aura donc des plans et des faits se rapportant à l'époque, mais aussi des images d'archives, des entretiens inédits et autres reconstitutions inspirées de faits historiques. D'une durée de 52 minutes donc moyen- métrage, "Mouloud Feraoun " qui coûtera selon le cinéaste la bagatelle de 35 millions de dinars a d'ores et déjà reçu une enveloppe de 7 millions de dinars du ministère de la Culture. Les autres subventions viendront de différentes wilayas dont Sétif, Bouira, Béjaïa, Tizi Ouzou et l'APC de Larbaâ Nath Irathen. Selon le réalisateur ,ce projet qui lui tenait à cœur remonte à l'année 1983, et était prévu dans sa version première en sept épisodes, " mais des blocages n'avaient pas permis sa sortie " révèle l'auteur de Mimazrane. Le tournage qui se fera dans tous les espaces où a évolué l'auteur de "La terre et le sang ", c'est-à-dire en Kabylie et dans l'Algérois durera 48 jours, sauf que son bouclage nécessitera plus de temps " en raison de la reconstitution des époques et des difficultés matérielles, notamment les paysages et villages de Kabylie défigurés par les ordures et le béton ", a soulevé Ali Mouzaoui. Le premier coup de manivelle, montrait un plan représentant l'écolier que fut l'auteur de l'œuvre "Le Fils du pauvre" et son premier instituteur, Amhis Mohand Oulhadj, à l'école primaire de Tizi-Hibel, village natal de Feraoun, situé dans la commune de Béni Douala, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tizi-Ouzou. "Ce film est le portrait d'un auteur modeste et discret, aux convictions courageuses, inspirées et mêlées au destin de son peuple, dont il a su interpréter la tourmente et l'espoir durant la longue nuit coloniale", a encore souligné Mouzaoui tout en souhaitant que son œuvre soit "à la hauteur de ce monument de la culture algérienne, alliant admirablement les référents de l'authenticité, aux valeurs universelles". Instituteur, enseignant durant plusieurs années avant d'être nommé inspecteur des centres sociaux, Mouloud Feraoun s'est attelé durant toute sa vie professionnelle à peindre de façon authentique et sobre la vie des paysans dans cette Kabylie qui ne nourrissait pas son homme. Dans Le fils du pauvre un livre autobiographique, le personnage principal, Fouroulou, c'était lui, l'enfant unique qui était choyé par des sœurs et une mère et même un père qui regardaient alors leur enfant comme une Providence. Il racontera dans cette extraordinaire épopée son entrée à l'école, les fêtes et rites kabyles, les rapports souvent "injustes " entre lui et les filles, l'aridité de la terre, le fonctionnement du village qui obéissait à des règles anciennes de la parole des vieux sages, ….bref, Feraoun aurait raconté à partir du microcosme social que fut alors sa petite famille, toute une société qui évoluait en plein dans la colonisation. Rebouh H