Certaines voix plaident pour la levée du moratoire sur l'exécution de la peine de mort, à l'exemple d'Ahmed Adimi, professeur en sciences politiques, qui en fait son cheval de bataille, et Djamel Aïdouni, président du Syndicat national des magistrats, qui dit vouloir aller très loin pour que ces « assassins barbares » soient châtiés comme il se doit. D'autres estiment que ce type de crimes doit inspirer un débat national sur la société. Mais, d'abord, une explication. Ahmed Adimi affirme que ces crimes font partie des conséquences de la décennie noire. Ils sont inscrits, selon lui, dans le cadre du changement psychologique d'une société passant d'une situation à une autre. « Ce sont les retombées du terrorisme, qui avait banalisé à l'époque la vie humaine », estime-t-il, en regrettant le fait de ne pas avoir engagé une stratégie dans ce sens pour réhabiliter « l'être algérien ». Pour lui, le fait de s'attaquer à l'innocence est un acte lourd de sens, qu'il va falloir comprendre. « Ce qui doit passer par la révision du discours religieux, la réhabilitation de l'école et, surtout, l'application de la peine capitale, seule en mesure de vaincre ce phénomène nouveau au sein de notre société », affirme-t-il. Djamel Aïdouni, quant à lui, avoue qu'il n'a jamais été partisan de l'abolition de la peine de mort. « On a longuement critiqué les magistrats, pour leurs jugements et voilà les conséquences : ce sont les enfants qui sont en train de payer », souligne-t-il, affirmant que la peine de mort a été décrétée par notre Créateur pour des raisons précises. Elle peut être utilisée pour des cas extrêmes, comme pour ces enlèvements d'enfants sanctionnés par des crimes cruels. Précision du magistrat : « Ce genre de crime existait par le passé, mais la presse n'en parlait pas ». Devant cet état de fait, il souligne qu'il faudrait prendre des décisions « fermes » à leur égard, pour que le peuple soit rassuré que la justice assume pleinement sa mission. DES VIDES JURIDIQUES À COMBLER L'avocate Fatima Benbraham n'est pas du même avis. Elle pense que la condamnation à mort du criminel n'est pas la solution. Elle considère qu'il faut s'attaquer à l'origine du crime, en procédant à l'aggravation des peines, comme par exemple la perpétuité, qui, selon elle, est plus grave que la mort. Me Benbraham estime que le problème est ailleurs, puisque ces crimes récents sont, généralement, l'émanation de pédophiles, de mafias et d'autres malfaiteurs. « Les enlèvements ont de tout temps existé », note-t-elle dans le cadre de ce qui s'appelle « le crime organisé ». De ce fait, elle propose de faire un toilettage des textes de loi, en faisant remarquer qu'il n'existe pas d'articles sur le kidnapping, sur la séquestration ou la prostitution. « Il faudrait réactualiser les lois, car le fait doit devancer la loi. De plus, je suggère que ce genre de crime soit jugé publiquement pour que ces drame cessen »t. « On s'est penché sur la corruption économique et pourquoi pas sur la corruption morale », suggère-t-elle. EVITER LA RECUPERATION Mohamed-Chérif Zerguine, professeur et fervent défenseur de l'enfance abandonnée, est, lui aussi, profondément stupéfait, surtout contre les réactions de certains qui lancent des appels à la révolte alors que d'autres déforment la version des faits et surfent sur les rumeurs les plus folles pour les amplifier. D'après lui, « quelques politicards s'empressent aussi dans la récupération à des fins politiciennes. Aussi, une certaine presse profite de l'occasion pour faire dans le sensationnel ». Et de s'interroger : « Ne serait-il pas plus judicieux, à l'endroit des victimes et leurs familles, d'ouvrir réellement le débat au niveau national et de se solidariser toutes tendances confondues afin d'ériger un réel statut protecteur pour les générations futurs ? » Il affirme que l'heure est grave, puisque la vie de ces enfants doit impérativement déclencher une réelle prise de conscience et « l'Etat doit réagir étant donné qu'il a le devoir de protéger l'enfance ».