Le président du syndicat national des magistrats (SNM), Djamel Aïdouni, a affirmé, hier, que les magistrats sont prêts à assumer leur devoir pour ce qui est de la surveillance des prochaines élections et ce, conformément au vœu du chef de l'Etat. S'exprimant à l'occasion d'une conférence de presse organisée à l'issue d'une réunion du conseil national du SNM, à la résidence des magistrats à Alger, Djamel Aïdouni a souligné que la tâche est un lourd fardeau et que les magistrats assumeront cette première expérience dans les annales en toute responsabilité. Le président du SNM explique que l'aspect technique de cette «surveillance» n'est pas encore établi en notant, toutefois, que le syndicat des magistrats dispose déjà de propositions pour la surveillance de l'opération électorale (législatives). Le fait de demander aux magistrats de surveiller ces élections est une preuve supplémentaire de la confiance que portent la société civile et les partis politiques envers la justice algérienne, estime le conférencier. Djamel Aïdouni, qui a salué, au nom du SNM, le dernier discours du président de la République lors de l'ouverture de l'année judicaire, est revenu, par ailleurs, sur l'indépendance de la justice, les problèmes socioprofessionnels des magistrats et un certain nombre de questions ayant trait à la magistrature et aux justiciables. Concernant les dossiers de corruption entre les mains de la justice, il a assuré que les juges ne subissent pas de pression contrairement à ce qui est distillé par la vox populi. «Je n'ai jamais reçu de plaintes de la part de magistrats qui auraient subi des pressions», tranche-t-il, quand la question a été soulevée par les journalistes. Djamel Aïdouni lance un véritable défi en invitant à apporter des preuves sur ces prétendues pressions exercées sur les magistrats. Pour Aïdouni, certains magistrats traitent des dossiers extrêmement graves mais ne se sont jamais plaints de pression ou d'instructions qui leur sont données. «Pour le moment, aucun magistrat n'est venu se plaindre à moi», dira-t-il en soulignant que les juges appliquent la loi et travaillent en leur âme et conscience. Cependant, un membre du bureau du SNM a avoué, hier, qu'il existait des «dysfonctionnements» dans certains articles de loi. Il explique, à titre d'exemple, que la loi prévoit de 2 à 10 ans d'emprisonnement pour celui qui vole un dinar ou vole tout le Trésor public algérien. C'est la loi et c'est au législateur de remédier à cette «lacune», conseille-t-il en rappelant que l'ancien code pénal prévoyait des peines pour chaque cas, en fonction de la gravité du délit. Interrogé sur les magistrats révoqués et qui ont introduit des recours, le président du SNM a affirmé, hier, que pour certains, leurs dossiers ont été transmis par le syndicat à qui de droit. Djamel Aïdouni souligne, en parallèle, que «notre syndicat représente uniquement les magistrats en activité». Pour lui, le SNM ne peut rien faire pour le magistrat, une fois définitivement révoqué ou mis en retraite et que c'est valable même pour lui. Pour ce qui est de la circulaire du ministère de la Justice adressée aux tribunaux et aux cours de justice afin de rendre les verdicts après trois audiences pour les affaires pénales et cinq audiences pour les affaires civiles, les responsables du SNM ont affirmé qu'après explications du ministère, il s'agit en fait d'une moyenne que propose le garde des Sceaux pour régler rapidement les affaires des justiciables. Moussa Boussouf, du bureau du syndicat national des magistrats, a assuré que le juge pourra reporter autant de fois qu'il veut une affaire s'il estime que c'est nécessaire. Enfin, concernant les problèmes socioprofessionnels des magistrats, le président du SNM, Djamel Aïdouni, a fait savoir, hier, que le syndicat, à l'instar des autres secteurs, revendique une revalorisation du régime indemnitaire. Une plateforme de revendications a été adressée au chef de l'Etat en sa qualité de premier magistrat du pays, conclut Aïdouni.