La Ville des ponts suspendus a, vécu hier, une journée mouvementée. La marche blanche, en signe de solidarité avec les familles des deux enfants assassinés, est sortie de son contexte initial d'une journée de protestation pacifique. En effet, si les commerces - à l'exception des boulangeries -,les administrations ainsi que les établissements scolaires ont observé une grève en signe de respect à l'appel des proches et des familles de Haroun et Brahim, certaines personnes, des jeunes pour la plupart, ont voulu exploiter la situation en semant la pagaille. Malgré les avertissements des familles des deux enfants qui ont publié, samedi, un communiqué appelant à ne pas organiser des marches qui risqueraient de déraper, des jeunes, venus des quartiers populaires de la ville, ont investi, avant midi, les places du centre ville dans le seul but de provoquer des troubles. En effet, après avoir défilé devant le tribunal de Constantine puis le cabinet du wali, ces jeunes n'ont pas tardé à provoquer les forces de l'ordre et à tenter de fermer la route. Les forces antiémeutes ont repoussé les manifestants qui commençaient à s'en prendre aux biens publics et aux voitures. La situation n'est revenue à la normale que vers 14h. Le long des allées Benboulaïd (ex-La Brèche), des citoyens se sont attroupés pour condamner ce genre d'agissements. « Nous ne comprenons pas comment des gens qui ont fait une marche à la mémoire de deux enfants tués, s'en prennent aux forces de l'ordre et aux biens publics. Que vont penser les parents ? », s'interroge un citoyen. Un autre nous précise que cet hommage a été gâché par certaines personnes qui avaient d'autres intentions. « Ces gens ont menacé des commerçants et des employés pour qu'ils n'aillent pas travailler. Pourtant, les familles des deux enfants ont appelé à faire un deuil de deux heures », souligne un autre. Paradoxalement, à l'autre bout de la ville, à Ali-Mendjeli, lieu du meurtre de Haroun et Brahim, la population a respecté à la lettre l'appel des familles. La ville était certes, déserte, tous les commerces ont fermé et les transports suspendu leur travail, mais aucun incident n'a été enregistré. Des jeunes ont tenté d'organiser une marche, mais ont été vite empêchés par les citoyens qui ne voulaient surtout pas revivre le premier jour de la disparition des deux enfants, lorsque des émeutes ont éclaté dans la ville. L'oncle de l'enfant Brahim avait déclaré, il y a deux jours, que les familles, les proches et les voisins des deux enfants s'opposent à ce qu'une marche soit tenue. Des habitants de l'UV 18 nous ont même affirmé que des personnes étrangères au quartier sont venues les voir en vue de les manipuler.