Trois jours après la découverte des corps de Haroun et Brahim, l'émotion et la la tristesse sont omniprésentes à la nouvelle d'Ali Mendjeli. A l'unité de voisinage 18 (UV18), malgré le froid et la neige en ce vendredi, devant le domicile du petit Brahim, il y a foule : des habitants du quartier, des proches de la famille, et beaucoup de citoyens venus présenter leurs condoléances aux parents. Parmi eux, certains sont venus de Batna, Tébessa ou Sétif. Contrairement à ce qui a été annoncé sur les réseaux sociaux, les habitants du quartier ne voulaient pas organiser une marche après la prière du vendredi. « Ce qui est fait est fait, nous souhaitons juste l'organisation d'une journée de deuil et de recueillement ce dimanche (demain : ndlr). Nous souhaitons que cet appel soit entendu à travers toute l'Algérie. Ce que les familles veulent c'est l'application de la peine de mort contre les deux criminels. Nous ne sommes pas des voyous et sommes contre toute forme de violence. Ceux qui s'en sont pris aux forces de l'ordre, aux biens publics, et qui ont été derrière les émeutes le jour de la découverte des corps de Brahim et Haroun sont étrangers à notre cité, nous ne les connaissons pas et ils nous ont même agressés. Nous insistons pour que cette action soit pacifique », ont tenu à nous expliquer les proches de la famille Hachiche. Rencontré sur les lieux, un oncle du petit Brahim a tenu à remercier la population qui a participé aux recherches et saluer également le travail des forces de sécurité. « Les gens sont venus de toute la wilaya pour nous aider à retrouver les enfants », dit-il. COMMENT LES ENFANTS ONT DISPARU ? En cet après-midi du samedi 9 mars, la cité de l'UV 18 était calme, car la plupart des jeunes sont partis assister au match de football ayant opposé le CSC au MCA. Les petits Brahim et Haroun se trouvaient avec le frère de Brahim sur une aire de jeu du quartier et s'occupaient de leurs chiots. Un jeune s'approche d'eux et leur demande de les suivre pour leur offrir son chien. Le troisième frère, plus âgé, prend la fuite tandis que Haroun et Brahim, en toute innocence, le suivent vers l'autre bout de la cité, sur un terrain vague à environ 300 mètres du domicile parental. La mère du petit Brahim est alertée par son fils mais il était trop tard. L'homme, âgé de 21 ans, les emmène de force dans un appartement de l'UV 17, une cité qui n'est pas encore habitée où l'attendait son complice âgé de 38 ans. Quelques heures plus tard, les parents des deux enfants signalent la disparition de leurs petits. Malgré l'extraordinaire élan de solidarité de la population et l'implication des services de sécurité, tous corps confondus, les deux enfants seront retrouvés morts le mardi à 13h49 près de l'immeuble où ils ont été kidnappés. LE GARDIEN D'UNE CITE ET LE PROPRIETAIRE D'UN APPARTEMENT EN FUITE Même si le procureur général près la cour de Constantine n'a donné aucun détail sur d'éventuels complices qui auraient aidé les deux criminels ou qui auraient eu des informations sur l'enlèvement des enfants, il n'en demeure pas moins que, selon les habitants de l'UV 18, un troisième complice serait en fuite. Il s'agit en fait du gardien de la cité qui était au courant des faits et qui aurait déclaré, selon les habitants, aux policiers lors de l'opération de recherches que « les lieux sont calmes et donc pas la peine de chercher les étages et les appartements ». L'homme serait en fuite depuis l'arrestation des deux assassins, et serait activement recherché par les forces de sécurité. « Il pouvait à lui seul faire éviter tout ce drame, c'est pour cette raison qu'il est recherché », affirme un jeune du quartier. Une quatrième personne, le propriétaire de l'appartement loué aux deux assassins, serait elle aussi en fuite, selon les habitants. « L'auteur du crime, l'homme âgé de 38 ans, louait une maison à l'UV 17, et tout le monde savait qu'il est recevait des bandes de voyous pour consommer de la drogue. Le propriétaire pouvait donc signaler à la police que sa maison était occupée par un malfaiteur », nous fait savoir un autre habitant. PAS DE VENGEANCE Malgré la diffusion des photos des deux assassins et de leur identité, les habitants de l'UV 18 nous ont affirmé qu'ils n'envisagent nullement de se venger sur leurs familles. « Nous avons rencontré l'un des frères du premier accusé qui nous a affirmé que toute la famille a rompu les liens avec ce repris de justice », révèle un voisin de la famille Hachiche. LES KIDNAPPEURS ETAIENT PARMI LA FOULE Aussi invraisemblable que ça puisse paraitre, les deux assassins étaient au milieu de la foule, mardi dernier, au moment de la découverte des corps de Brahim et Haroune. Ce sont des témoins qui ont reconnu les deux hommes et les ont tout de suite signalés aux policiers, ce qui explique leur rapide arrestation.