La question de la représentation des taliban fait son bonhomme de chemin. Elle est au cœur de la visite du président afghan, Hamid Karzaï, arrivé à Doha à la tête d'une importante délégation gouvernementale de haut rang. « Nous parlerons, bien sûr, du processus de paix et de l'ouverture d'un bureau des taliban au Qatar », a confirmé le porte-parole de la présidence, Aimal Faizi. La médiation qatarie veut réussir le difficile pari de la décrispation des relations des protagonistes de la crise afghane qui s'ignorent. Bien que le pas en avant de Karzaï, désormais acquis à l'idée d'une « adresse où l'opposition armée s'assoit et parle au gouvernement afghan », permette de jeter les bases du dialogue inter afghan, le refus des taliban complique la donne. « L'ouverture d'une représentation ‘'talibane'' au Qatar n'est pas liée à Karzaï. C'est une question qui regarde les taliban et le gouvernement qatari », a déclaré leur porte-parole Zabiullah Mudjahid. « Nos représentants, qui sont déjà au Qatar, ne le verront pas et ne lui parleront pas », a-t-il poursuivi. L'Emir qatari, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, a assurément du pain sur la planche pour tenter de relancer un processus, miné par des positions aussi inconciliables que l'exigence de la cessation de toute relation avec El Qaïda, réitérée récemment par le porte-parole du ministère afghan des Affaires étrangères, Janan Mosazaï, et le refus des taliban de reconnaître toute légitimité au pouvoir. A moins de deux ans du désengagement de la coalition, la recherche d'un compromis s'avère, toutefois, cruciale pour l'avenir de l'Afghanistan menacée de dérive chaotique. De quoi sera fait l'après-Otan dans un Afghanistan ravagé par une décennie d'occupation et soumis à la menace persistante des taliban ?