La disponibilité des produits à des prix abordables encourage la consommation. Et pour attitrer plus de clients et augmenter leurs recettes, des marchands de volaille recourent à la vente aléatoire. Les prix appliqués ne répondent à aucune logique. Tous les matins, ils remplissent les présentoirs, les ardoises indiquent que le poulet est cédé à 400 DA, 450 DA, 500 DA et 550 DA. Ce qui attire l'attention c'est que le prix du poulet est arrondi, comme si tous les sujets ont le même poids et par conséquent le même prix. Selon les explications qui nous ont été fournies par ces vendeurs, le problème récurrent de la petite monnaie pousse ces derniers à arrondir les prix. Mais les prix affichés correspondent-ils aux poids des volailles ? La loi permet-elle la vente aléatoire de ce produit ? La majorité des vendeurs interrogés indiquent que « tous les sujets sont pesés » mais sans pour autant apposer le prix et le poids sur chaque poulet. « En raison du manque de la petite monnaie, je préfère arrondir le chiffre. Tous les poulets sont pesés et classés selon leur poids. Ceux qui doivent être vendus à moins de 425 DA sont écoulés à 400 DA et ceux qui dépassent ce prix (entre 425 DA et 475 DA) sont cédés à 450 DA. Les sujets dont le prix varie entre 476 et 550 DA sont vendus à 500 DA », a expliqué un boucher au marché Bouzrina (Alger). Il affirme aussi qu'il utilise le système de compensation. Il perd par ci, il récupère par là. Interrogé si cette pratique est permise par la loi, il répond par : « C'est ça le marché, parfois nous gagnons, parfois nous perdons ». Un autre commerçant indique qu'il n'applique pas le système de compensation. Il arrondit les prix pour moins de cassement de tête et préfère « fermer les yeux » sur la différence. Mais, cette compensation ou encore le fait d'arrondir les chiffres arrangent-ils le client ? Certains acheteurs que nous avons interrogés accusent directement les commerçants de vol ! « Ce n'est pas normal qu'on nous déleste de pas moins de 50 DA. Les premiers clients sont bien servis puisqu'ils choisissent le poulet mais les autres n'auront pas ce choix », a indiqué une vieille dame. Un autre client estime que « la somme de 50 DA prise par le marchand est égale à celle de cinq pains ou deux sachets de lait. Donc ce n'est pas rien. » Un autre consommateur plus conventionnel indique : « Moi je préfère payer exactement le prix de la marchandise. Je demande au boucher ou au vendeur de volaille de peser une deuxième fois le poulet. » Toutefois, certains clients ne cherchent pas à comprendre. Il choisissent à coup d'œil le poulet, payent et s'en vont. « Si nous voulons appliquer sérieusement la loi, ce marché (Bouzrina) ne doit pas exister », a indiqué un client. Interrogé sur la question, le chef de service au niveau de la Direction de la concurrence et des prix à Alger, M. Hadjal a indiqué que son service ne contrôle pas les prix et l'étiquetage. « Les prix du poulet ne sont pas fixés par la loi », a-t-il indiqué. Les prérogatives de ce service se limitent au contrôle de la qualité, selon ses propos. « Les vendeurs doivent uniquement respecter les conditions relatives à l'hygiène, l'étiquetage et tout ce qui porte sur la sécurité alimentaire. Pour lui, « la différence de 40 ou de 50 DA ne va pas changer grand-chose et c'est minime pour les ménagères », a-t-il dit. De son côté, le président de la Fédération algérienne des consommateurs, Zaki Hariz, indique que chaque produit doit porter une étiquette. Il précise que l'opération d'étiquetage doit se soumettre à des normes dont le poids et le prix.