La disparition du poulet évidé des étals des boucheries du chef-lieu de la wilaya n'est pas passée inaperçue par la population. Cela provient d'un coup sévère porté par les éléments de la brigade de recherche de la gendarmerie nationale à la filière de l'abattage clandestin à Guelma. Celle-ci a ciblé, il y a quelques jours, 3 garages spécialisés dans l'abattage de volaille au niveau de la cité populaire de Aïn Guergour avec la saisie de plus de 2 000 poulets. Quant aux personnes incriminées dans cette affaire, nos sources affirment qu'une procédure de mise en accusation est en cours. Cette opération a démontré que le marché dit formel était inondé de poulets abattus clandestinement. En effet, à Guelma, la volaille est prisée non pas pour son goût, mais plutôt pour son coût, variant entre 400 et 550 DA/pièce. Quant à sa provenance, le client est peu regardant ; tous les consommateurs que nous avons questionnés affichent un fatalisme déconcertant. « Dieu nous garde des maladies ! » disent-ils, en ajoutant : « Un poulet de 2,5 kg, évidé, nourrit une famille au moins pendant trois jours et la marmite est là pour tout nettoyer s'il y a des doutes. » D'autre part, qu'en est-il du poulet évidé, conditionné sous film plastique, daté et étiqueté ? Il n'avait fait qu'une brève apparition au mois d'août 2008 à Guelma, car la DCP, à cette époque, avait signifié que seule la volaille abattue dans le respect des conditions d'hygiène et sous contrôle vétérinaire, notamment sortant des chaînes d'abattage de Bakhouche Lakhdar (wilaya de Skikda) ou celle de Medjez Laghssoul à Aïn El Berda (wilaya de Annaba) était autorisée à la commercialisation. Cependant, l'opération a été un véritable fiasco. Les quelques bouchers qui avaient adhéré à la vente de poulets sous emballage ont fini par rompre définitivement avec ce produit. Ils nous déclarent à ce sujet : « Le poulet conditionné, que les revendeurs nous proposaient, ne trouvait pas un engouement chez les clients, les quelques pièces que nous avions écoulées étaient critiquées par les ménagères, car mal déplumées et sommairement évidées, selon elles. Même que des pièces ont été restituées, étant avariées. » Pour ce qui est de l'étiquetage du poulet, nous noterons qu'à l'exception du nom de l'abattoir et de la date d'abattage, il n'est mentionné sur l'étiquette ni le poids du produit, ni sa traçabilité. Quoi qu'il en soit, un coup de filet gagnant n'est pas une guerre gagnée, surtout que les abats et viscères d'ovins et bovins et quartiers entiers de viande pendouillent à l'air libre, sur les routes et autres souks, au même titre que le poisson exposé sur les trottoirs.