Ancien escrimeur international, Raouf Salim Bernaoui a été élu, dernièrement, président de la Fédération algérienne d'escrime. Dans cet entretien, l'un des plus jeunes présidents de fédérations algériennes en Algérie revient sur son élection. Il a évoqué ses priorités, la situation de la discipline en Algérie, le cas de l'athlète Léa Moutassami, ainsi que sa relation avec l'ex-présidente de la FAE, Salhi Feriel. Vous avez été élu nouveau président de la Fédération algérienne d'escrime. Une fédération qui a connu plusieurs bouleversements. Peut-on connaître vos priorités ? J'ai hérité d'une fédération qui a vu le rejet des bilans des trois derniers bureaux. Je pense qu'il y a eu 16 ans de déchirement. Nous sommes les seuls responsables de ce retard. J'estime que la famille de l'escrime est revenue à la raison. Les différents membres sont animés d'une bonne foi pour remettre « la machine » en marche. Durant l'assemblée générale ordinaire où élective, il y a eu un sens des responsabilités. On m'a sollicité pour briguer la présidence de la fédération. J'ai été plébiscité par tous les membres présents lors de l'AGE, à savoir les 26 membres sachant que j'étais le seul candidat. La priorité est de rendre à l'escrime algérienne ses lettres de noblesse. Je compte, également, promouvoir la discipline, veillant à son développement et à sa massification. Notre objectif durant ce mandat sera de nous qualifier aux JO 2016 et revenir en force aux niveaux régional et continental. Question potentialités, il y a des jeunes prometteurs, notamment en sabre. Vous ne redoutez pas que le problème des moyens persiste ? C'est le cas, malheureusement. Toutefois, nous faisons confiance à notre tutelle. L'escrime est un sport qui nécessite un matériel de qualité. Nous allons tenter de faire appel à des sponsors, même si le sponsoring s'intéresse rarement aux disciplines autre que le football. L'athlète Léa Moutassami a décidé de défendre les couleurs de la France, sachant qu'elle avait représenté l'Algérie lors des jeux Olympiques 2012 de Londres... L'athlète a été sollicitée par l'équipe de France. Elle a jugé qu'elle peut décrocher un titre olympique avec les Français, alors qu'avec l'Algérie ça relève de l'impossible. Je suis contre ce raisonnement. C'est en Algérie qu'elle a pu s'illustrer et se qualifier aux JO 2012. L'escrime algérienne ne va pas s'arrêter après son départ. D'ailleurs, nous avons une jeunesse qui émerge. Preuve à l'appui, l'équipe nationale de sabre a décroché avec brio 12 médailles aux championnats arabes cette année à Doha (Qatar). C'est une équipe qui peut aller encore très loin. Dans notre pays, il y a un déficit en matière de prise en charge. Il faut y remédier. Quelle relation entretenez-vous avec l'ancienne présidente de la fédération algérienne, Salhi Feriel ? Je n'ai pas de problème ni avec Mme Salhi Feriel ni avec personne. Il ne faut pas oublier qu'elle est membre de l'exécutif de la fédération internationale. C'est une femme très respectée dans le monde de l'escrime. Actuellement, elle est suspendue en Algérie. Elle a fait une demande au ministre de la Jeunesse et des Sports pour qu'on lève sa sanction. Personnellement, je le souhaite, d'autant que c'est une valeur sûre de l'escrime algérienne.