Le compositeur et parolier, Mustapha Toumi, est décédé dans la nuit de mardi à mercredi à l'hôpital Mustapha-Pacha des suites d'une longue maladie. L'enterrement du compositeur de la fameuse chanson chaâbie « Sob'han Allah Ya Eltif », interprétée par El-Hadj M'hamed El Anka, aura lieu, aujourd'hui, au cimetière d'El Kettar, à Alger. Un dernier hommage lui sera rendu, ce matin, au Palais de la culture Moufdi-Zakaria par ses nombreux amis, artistes et fans. Contacté au téléphone, Mourad Djaâfri, dira qu'il est naturellement « attristé » pour la perte de celui qui a été à la hauteur des espérances tant il a marqué de son empreinte le champ culturel algérien. « Certes, il ne fait pas partie de ma génération, mais je peux dire que c'est un personnage qui a beaucoup donné à l'art. Son absence sera très ressentie », a-t-il déclaré. Même sentiment chez Chaou Abdelkader. « C'est un grand monsieur de la culture, j'ai eu, d'ailleurs, l'immense plaisir de le rencontrer, une seule fois, lors d'une fête et je peux dire qu'il m'a vraiment impressionné. On l'a oublié ces derniers temps alors qu'il était malade. C'est bien dommage », dit-il. Sa fille Imane a révélé à l'APS une autre facette du défunt : « Mon père peignait des toiles qu'il conservait jalousement à la maison et n'avait jamais pensé à les vendre. Il ne les a jamais exposées ». Ses centres d'intérêt étaient divers, selon elle. Il s'apprêtait même à publier un ouvrage sur l'histoire et les origines de la langue tamazight avant que la mort ne l'emporte à l'âge de 76 ans. Natif de la Casbah, patrimoine culturel et architectural, Mustapha Toumi parle avec aisance sur les arts plastiques, la musique et la politique comme le faisait si bien son chanteur préféré, El-Anka, entre les différents modes de la musique chaâbie (El-Ghrib, Sihli, Djarka et A'ârak,...). « Le lion restera lion même quand il vieillit, les loups ont toujours peur de lui », soulignait-il dans cette qacida d'anthologie qui a gagné en notoriété devant celles écrites par Ben Msayeb, Ben Sahla, Ben Triki et Sidi Lakhdar Ben Khelouf. « C'est l'insatisfaction politique, la transformation sociale brusque et l'inversion des valeurs qui m'ont inspirer la qacida Soub'hane Allah Ya Eltif », avait affirmé cet artiste qui a, également, écrit pour Mohamed Lamari, Warda El-Djazaïria et Myriam Makeba. C'est ce sentiment, d'ailleurs, qui le motive, à l'âge de 53 ans, pour créer, avec l'ouverture politique en Algérie en 1989, une formation politique qui a fait, hélas, long feu en raison de son manque d'ancrage dans la société algérienne. Militant engagé, jaloux de son Algérie et maniant bien le verbe pour avoir travaillé à la radio et publié des poèmes dans le quotidien Alger Républicain, il tentait d'expliquer ses opinions politiques sur les plateaux de la télévision algérienne et à la radio, au moment où le pays allait sombrer dans une décennie douloureuse et meurtrière. Il se consacra, depuis sa retraite, à l'écriture et comptait éditer un ouvrage relatant son expérience dans des domaines aussi variés que la culture et la politique.