Parce que le « journaliste chevronné » demeure méconnu du grand public que l'auteure décide de lui consacrer un troisième ouvrage intitulé « Ferhat Abbas, l'Homme de presse ». Car, il a le journalisme par passion cet homme politique d'envergure. Tout au long de sa vie, Ferhat Abbas a « mené de pair la profession de journaliste et celle d'homme politique, parce qu'il avait compris très tôt que la profession en tant que média de masse est une arme redoutable dont il faut se servir, et notre homme avait l'art de savoir s'en servir ». C'est pourquoi l'accent est mis sur ses débuts remarqués dans les années 1920 avec un « certain nombre d'articles de politique pure et dure qui présageaient » un avenir radieux pour ce brillant étudiant en pharmacie. Admirateur de l'homme d'Etat turc, Mustapha Kemal, Ferhat Abbas signait ses papiers avec le pseudonyme « Kamel Abencérages », du nom d'une tribu maure de l'Andalousie. Parallèlement à sa profession de journaliste, il s'installe dans sa pharmacie de Sétif qui devient par la même occasion un « lieu de rencontres » de tous ceux qui œuvrent à l'indépendance du pays. Il va sans dire que tout cela ne va pas sans heurts puisque ses activités dérangent le système colonial, d'autant qu'il voit grand en voulant créer son propre journal. « Il décide de s'engager officiellement dans la politique afin de combattre l'injustice vécue par sa communauté » comme pour mieux allier la plume au combat politique. Le journaliste talentueux a pu, enfin, créer son propre journal « Egalité » un certain 15 septembre 1944 suite à l'octroi par le gouvernement français de certains droits au « indigènes ». Mais sa joie sera de courte durée puisque la tragédie du 08 mai 45 causera son emprisonnement ainsi que la suspension de son journal et la dissolution de son association des AML. Ce n'est que partie remise puisqu'il créera, par la suite, un nouveau journal qui porte le nom de « République algérienne » et un nouveau parti « L'Union démocratique du manifeste algérien » (UDMA). Ce qui le propulse au devant de la scène internationale où des « pays amis du peuple algérien sont prêts à l'aider à se libérer de l'oppression coloniale ». L'homme politique ne cesse de se distinguer à travers des prises de positions en faveur de l'indépendance de l'Algérie et son journal qui dura « onze ans et trois mois compte parmi les grands titres de la presse mondiale de son époque ». L'auteure montre à quel point Ferhat Abbas « ne pouvait vivre sans écrire » et qu'il a pris d'énormes risques qui auraient pu lui coûter la vie. De plus, son immense talent marquera toute la période qui s'étale de 1920 à 1955, « date à laquelle il fermera définitivement les portes de son journal et dissoudra son parti l'UDMA pour rejoindre le Front de libération nationale (FLN) au Caire, après sa rencontre déterminante, en 1955, avec le valeureux Abane Ramdane ». La suite, tout le monde la connaît, puisque Ferhat Abbas deviendra le premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) et premier président de l'assemblée constituante de l'Algérie indépendante. Rabah Douik « Ferhat Abbas, l'Homme de presse » de Leila Benammar Benmansour, Alger Livres Editions, 277 pages, prix public 700 da.