Employée dans un centre social attaché à une entreprise du bâtiment, Nadjwa la biologiste est sur le lieu de son activité tous les jours, sans faillir. Petit soldat du travail, elle a du cœur au ventre, si menue soit-elle. Polie, affable avec les patients, on la croirait effacée ou timide. Eh bien non. Nadjwa possède le don de se rapprocher des gens et lorsqu'on active dans un établissement de santé, c'est un plus vis-à-vis du patient, lequel est sensible à cette écoute. Elle vient d'une petite localité à l'est d'Alger qui a bien souffert durant les années du terrorisme. Pourquoi parler de Nadjwa ? Tout simplement parce qu'elle se démène depuis quelques années à faire valoir son diplôme de DES en biologie : «Afin d'avoir un poste d'emploi selon mes capacités ». Elle en a gros sur le cœur et ne cache pas sa révolte quant au principe de l'université algérienne à offrir «Des filières qui n'ont aucun débouché professionnel ». Elle parle des années au CEM de la bourgade. La terreur régnante, la panique des villageois et la peur au ventre face aux exactions commises sur la population. Mais les études n'ont jamais été abandonnées. Le CEM incendié, mais la force de poursuivre sa scolarisation coûte que coûte, elle et ses amies était inébranlable. Le souvenir du transport en minibus déglingué «Qui rappelle le film “Taxi el Mokhfi” avec toutes les situations insolites reste toujours vivace. Enfin le lycée, le bac et l'université de Bab Ezzouar : « Là j'ai cru à une nouvelle vie à un avenir meilleur comme toutes les jeunes filles ». Elle s'accroche à l'univers du campus et enfin voit ses efforts couronnés par un DES en biologie. La joie fait vite place à la désillusion. Nadjwa évidemment comme beaucoup de jeunes diplômés se retrouve au chômage. Les demandes d'emploi, les dossiers déposés au niveau des administrations se chargeant des jeunes universitaires fraîchement sortis des bancs des facultés, l'espoir, l'attente et le désespoir…Elle parle, elle parle avec sa voix douce qui se veut en colère. Elle entre comme stagiaire durant une année dans un hôpital, fait des extras, «Dans l'espoir que le CHU me recruter. Douze mois passèrent et on me dit qu'il n'y pas de poste d'emploi pour une DES en biologie. Pourquoi alors créé-t-on des filières sans débouchés ? ». Elle lutte, lutte raencore pour décrocher un poste selon ses capacités. «En ce moment je fais le travail d'une infirmière, les prises de sang et les prélèvements. Cela me ronge d'avoir parcouru tout ce long chemin, veillé, bûché, potassé pour en arriver là». Nedjwa ne peut pas être aigrie, même si elle le voulait. Elle ne sait plus espérer pour l'instant. Demain peut-être. « Nous sommes des dizaines de jeunes gens et jeunes filles de nombreuses promotions à avoir opté pour la filière biologie et nous vivrons la même situation ».