La révision de la loi fondamentale du pays, la Constitution, ne laisse personne indifférente. Fatiha Benabou et Fatma Benbrahem, respectivement constitutionnaliste et avocate, expliquent ce qu'elles estiment primordial pour une Constitution forte. Fatiha Benabou. Au sujet des points qu'elle estime essentiels pour une constitution forte, plaide pour la définition de la relation entre le chef de l'Etat et le Premier ministre. « Il est nécessaire à mon avis de repenser tout l'équilibre des pouvoirs, en donnant plus de moyens et de pouvoirs au Premier ministre », affirme-t-elle, avant d'expliquer que dans la Constitution actuelle, le président de la République incarne le principe de la continuité de l'Etat et à ce titre, il ne doit pas endosser la responsabilité interne induite par l'orientation politique de la nation. Parce qu'avec cette politique, souligne-t-elle, « le Premier magistrat du pays se trouve confronté à la rue ». C'est pour cette raison, soutient-elle, qu'il est nécessaire de mettre à l'abri la fonction présidentielle de l'usure du pouvoir, en donnant l'orientation de la politique nationale au Premier ministre, qui, en cas de crise, sera responsable, « c'est l'une des apories de la Constitution algérienne », a-t-elle ajouté. Dans le même contexte, la constitutionnaliste insiste sur la nécessité de redonner au Parlement plus de pouvoir et à la Justice son rôle de contre-pouvoir. Maître Benbrahem plaide, pour sa part, pour un régime à deux partis et deux septennats. Ce qui permettra, argumente-t-elle, au Président la réalisation de son programme. Elle appelle aussi à l'alternance aux élections présidentielles. En ce qui concerne le secteur de la Justice, elle pense que tout est à revoir, à plus forte raison, précise-t-elle, que les lois ne sont pas appliquées même si elles existent. « Jusqu'à présent, la réforme de la Justice n'a touché que les bâtiments judiciaires, alors qu'en vue d'assurer une justice libre et indépendante, il faudra à mon sens une réforme profonde qui tienne compte de tous les aspects », estime-t-elle, soutenant dans le même sillage que l'indépendance de la justice et du juge est plus qu'indispensable. Maître Benbrahem affirme, sur un autre plan, que la révision constitutionnelle doit tenir compte des pouvoirs du président. « La nouvelle Constitution devra déterminer les pouvoirs du président vis-à-vis de toutes les institutions, tout comme elle est appelé à déterminer le champs ainsi que les limite de l'exécution de ces pouvoirs ».