Les Irakiens ont voté, hier, pour départager les 8.000 candidats briguant un total de 378 sièges dans 12 des 18 assemblées provinciales. Le scrutin est jugé très important dans ce pays fédéral où le gouverneur élu par ces assemblées jouit d'importantes prérogatives. Encouragés par des mesures de sécurité maximales, des électeurs se sont rendus dans les bureaux de vote en dépit de l'accroissement des violences depuis le début de l'année. Quatorze candidats ont été assassinés et les attentats se sont multipliés quelques jours avant le déroulement de ce premier scrutin après le départ des troupes américaines fin 2011. Plus de 120 de personnes ont été tuées au courant de la dernière semaine. Jeudi soir, un attentat a coûté la vie à 27 personnes et blessé 50 autres dans un café au quartier sunnite d'Amyriah à Baghdad. Vendredi, l'on a enregistré 10 morts et 41 blessés dans des attentats. Le jour du vote, ne s'est pas déroulé sans incidents. Deux passagers ont été blessés par des tirs de mortier près d'un bureau de vote au sud de la capitale et une bombe a explosé dans la province de Babylone, sans faire de blessés. En exerçant son droit de vote, le Premier ministre, Nouri al-Maliki, s'est montré rassurant. Il a expliqué à « ceux qui tremblent pour l'avenir de l'Irak et qui craignent le retour de la violence et de la dictature que le bulletin de vote est l'arme qui nous permettra de lutter ». Il a promis qu'« il n'y aura pas de retour en arrière ». L'enjeu est politique pour cet homme, aux commandes du pays depuis 2006, et qui sera confronté, l'année prochaine, aux nouvelles épreuves des législatives. Il est, actuellement, affaibli. Ses partenaires de la coalition gouvernementale l'accusent d'accaparer le pouvoir et lui impose un véritable bras de fer au Parlement. Aucune loi d'importance n'est passée dans ce mandat qui a commencé en mars 2010. Les provinciales servent ainsi de rampe de lancement pour le chef du gouvernement irakien. Il souhaite que ses partisans réalisent un bon score dans les provinces chiites contre les partisans, de son rival l'imam Moqtada Sadr, très actifs sur le terrain. Les provinces à majorité sunnite et kurde ne sont pas concernées par cette élection. On n'a pas voté à Al-Anbar et à Ninive, deux provinces majoritairement sunnites, où se déroule le gros des manifestations anti-gouvernementales depuis quatre mois, dans les trois provinces de la région autonome du Kurdistan qui disposent d'un calendrier électoral distinct et, enfin, à Kirkouk où existe un contentieux entre les différentes communautés empêchant la tenue des élections.