La Coordination nationale des lycées techniques et technicums (CNLTT), a, encore une fois, tiré la sonnette d'alarme sur ce qu'elle appelle la régression de l'enseignement technique en Algérie. « Depuis le démantèlement de l'enseignement technique, en 2003, le taux de réussite au baccalauréat dans cette filière a connu une régression inquiétante. En 2009, le nombre de candidats au BAC technique mathématiques n'a été que de 4.158 sur un total de 262.451, soit un taux de 1,58% », a signalé Abdelhak Abad, vice-président du CNLTT dans un point de presse organisé, hier à Alger. De ce fait, la coordination a lancé un appel au ministère de l'Education pour ouvrir un dialogue avec les professionnels, surtout en ces temps d'évaluation des reformes. La coordination constate qu'il ne subsiste plus d'enseignement technique en Algérie, et ce, après une existence datant des premières années de l'indépendance. Elle considère que les reformes introduites dans le secteur de l'éducation sont un fiasco pour l'enseignement technique, qui était considéré comme le socle de l'industrie nationale. Bilan : « dans les 250 lycées techniques qui ont été convertis en lycées d'enseignement général, les ateliers et les magasins ont été fermées et les laboratoires transformés en salles de classe pour absorber la surcharge des élèves, alors que les équipes pédagogiques ont été dissoutes et affectées au bon vouloir des Directions de l'éducation à travers les lycées d'enseignement général pour êtres réduites à donner des cours d'initiation à l'informatique ou assurer l'activité dans un laboratoire ou une bibliothèque », affirme Mme Zaidi, ingénieur enseignante. « Aujourd'hui, nous ne sommes environ que 2.000 enseignants techniques sur les 6.000. La grande majorité d'entre eux ont pris leur retraite anticipée et ceux qui restent assurent un enseignement à contre-cœur », note-t-elle. M. Bendaikha, membre du CNLTT, explique que la dévalorisation de l'enseignement technique en Algérie a été imposée par le FMI durant les premières reformes du système de l'éducation. « Avant, les meilleurs élèves étaient retenus pour suivre un enseignement technique. Aujourd'hui, c'est les plus mauvais qui sont orientés vers cette filière », affirme-t-il. Quelle solution alors ? Abdelhak Abad, suggère de « créer un conseil national d'évaluation du système de l'éducation qui suivra régulièrement l'orientation afin de porter des corrections, s'il le faut ». Pour rattraper le temps perdu, la CNLTT propose trois points dans le cadre de l'évaluation du système éducatif : la réhabilitation des lycées techniques et des technicums et l'instauration d'un BAC professionnel sous le statut scolaire, accessible après la 4e année moyenne et préparable en 3 ans dans les lycées techniques. Ce BAC professionnel doit permettre à tout lauréat, selon ses vœux, soit l'accès immédiat au marché du travail, soit, sur la base des notes obtenues à l'examen du baccalauréat et de son parcours scolaire, l'intégration d'un institut de formation spécialisée, ou bien encore, de poursuivre des études universitaires. Le troisième point consiste en l'intégration, sans conditions, des PTLT (professeurs techniques des lycées techniques) en qualité de PES (professeur de l'Enseignement secondaire) et leur promotion automatique aux catégories nouvellement arrêtées (professeur principal et formateur).