La suppression de la moitié des filières techniques (électronique, électrotechnique, fabrication mécanique, chimie, bâtiment et travaux publics et techniques comptables) a provoqué une tempête d'indignation chez la Coordination nationale des lycées techniques et technicums (Cnltt) qui dénonce le démantèlement de l'enseignement technique entamé par le ministère de l'Education nationale depuis 2004. Les animateurs de la Cnltt, lors d'une conférence de presse organisée hier à Alger, fustigent l'administration qui semble recourir à des solutions « anarchiques et autoritaires » pour absorber le personnel pédagogique technique dont 80% des enseignants sont considérés en sureffectif durant l'année scolaire en cours. « Les affectations des enseignants techniques dans des lycées de l'enseignement général sont illégales car l'administration n'a pas consulté la commission paritaire comme le stipule la loi. En fait, l'administration a utilisé la loi 21 bis pour pénaliser les enseignants techniques, notamment, les animateurs de la Cnltt », souligne Kamel Bendaikha, coordinateur de la Cnltt. L'autre astuce trouvée par l'administration pour absorber ce surplus consiste à allé,er le volume horaire des enseignants le limitant parfois à 3 heures par semaine. « Auparavant, je faisais 15 heures par semaine dans ma spécialité. Aujourd'hui, je fais 3 heures par semaine dans un poste bidon », témoigne l'orateur en colère. « Cette opération est aussi utilitariste, elle a permis de combler la pénurie d'enseignants dans des disciplines comme l'informatique, la technologie, la physique et les mathématiques, les professeurs de l'enseignement technique servant de pompiers dans les disciplines en détresse », déplorent les animateurs de la Cnltt. Pis encore, ajoutent-ils, des enseignants ont été affectés dans des tâches administratives (bibliothécaire, agent de laboratoire et même pions pour la surveillance des devoirs), en violation des dispositions du statut général de la Fonction publique et de l'article 59 du statut particulier de l'éducation nationale. Une enseignante du technicum Ibn Haitem (Alger), également animatrice de la Cnltt, dénonce l'affectation abusive de 17 de ses collègues dans des lycées de l'enseignement général. « Cette dispersion a provoqué une véritable cacophonie. Certains enseignants ont été affectés mais non installés, d'autres affectés mais restés en surplus et d'autres encore affectés dans des matières étrangères à leur spécialité », dit-elle avec amertume. Les animateurs de la Cnltt n'ont pas manqué au passage de relever le paradoxe dans lequel se trouve le système éducatif : la réorganisation de l'architecture et des horaires de l'enseignement a engendré à la fois l'existence d'un surplus d'enseignants estimé à 30 000 postes budgétaires au niveau national, alors que la demande en éducation exige tout de suite 40 000 postes budgétaires, comme l'atteste la pénurie des enseignants au niveau national. En guise d'actions, la Cnltt demande une commission d'enquête parlementaire sur le suivi de la réforme éducative, en entamant en parallèle une action judiciaire contre ces affectations illégales. En sus des recours administratifs et une plainte au ministère du Travail introduits par les enseignants affectés, la Cnltt a saisi le Bureau international du travail (BIT) pour atteinte aux libertés syndicales.