La Coordination nationale des lycées techniques et technicums (CNLTT), qui s'est réunie en conseil à Alger, lundi dernier, afin d'examiner le plan du démantèlement de leur filière, a exprimé son mécontentement, notamment contre l'avant-projet du statut particulier des travailleurs de l'éducation nationale. Qualifiant le projet de “coquille vide”, les membres de la coordination se disent déçus du travail effectué par le ministère de tutelle. “Le ministère de l'Education nationale s'est procuré une assise légale pour parachever son projet de démantèlement du pan essentiel de notre système éducatif. Il est vraiment dommage qu'un tel projet de loi passe comme une lettre à la poste sans qu'il y ait un véritable débat”, peut-on lire dans la déclaration finale du CNLTT. En contradiction avec les assurances du ministère de tutelle, qui déclare appliquer la réforme de la commission Benzaghou, la décision de suppression définitive des filières techniques n'est guère recommandée dans le rapport de la commission nationale de la réforme du système éducatif. Bien au contraire, la refonte a proposé trois orientations après l'enseignement obligatoire : l'enseignement secondaire et technique, l'enseignement technique et professionnel sanctionné par un baccalauréat professionnel et, enfin, la formation professionnelle. Abordant le sujet du statut du professeur technique, les représentants du syndicat, présents lors du conseil national, parlent “de dégradation à la limite de l'humiliation”. Signalons ainsi que l'avant-projet du nouveau statut particulier de la Fonction publique prévoit deux possibilités pour l'enseignement technique : devenir assistant de professeur PES ou bien agent de laboratoire sans possibilité de promotion. “Les enseignants techniques ont été classés au même titre que les maîtres d'école primaire, alors que l'ancien statut prévoyait leur intégration en tant que PES après sept ans d'expérience”, notent-ils. D'autres problèmes ont été également soulevés par la coordination lors de ce conseil, comme celui du surplus des enseignants techniques et les mutations abusives. “Il est inconcevable d'admettre que la dignité de l'enseignant soit bafouée, après tant d'années de sacrifice et de labeur. Pourtant, le ministre nous a assurés, en diverses occasions, que l'enseignement technique ne sera pas supprimé définitivement”, s'indignent-ils. Par ailleurs, il faut noter qu'avec la suppression des filières d'enseignement professionnel, le secteur de l'enseignement se retrouve face au problème de l'avenir de l'école supérieure d'enseignement technique, ainsi que celui des centaines de diplômés sans issue. Rappelons que la Coordination nationale des lycées techniques et technicums participera également à la journée de protestation du 15 janvier. N. Afroun