Le 24 avril 1958, à l'aube, Taleb Abderrahmane eut la tête tranchée dans l'enceinte de la prison de Serkadji. Il avait 28 ans. Le 24 avril 2013, ses compagnons d'armes et les membres éloignés du défunt se sont recueillis sur sa tombe au cimetière d'El Alia. Beaucoup de tristesse et d'émotion ressenties, à l'occasion, pour un chahid qui a sacrifié sa vie pour une Algérie indépendante et prospère. « En ce jour anniversaire de l'exécution de Taleb Abderrahmane, il fallait visiter et se recueillir sur sa tombe. Nous sommes venus comme de simples gens, pour fleurir la tombe du défunt. Le P/APC d'Alger centre, qui s'est excusé pour son absence, a délégué son adjoint pour ce recueillement aux côtés des responsables de wilaya des moudjahidine », a déclaré Mohamed Rebah, qui lui a consacré un livre intitulé « Taleb Abderrahmane guillotiné le 24 avril 1958 ». Il le dédicacera, samedi prochain, à partir de 14h30, à la librairie Kalimat (les mots). Taleb Abderrahmane fut présenté par trois fois au tribunal militaire d'Alger, en juillet, en octobre et en décembre 1957, pour le même motif : préparation de substances explosives. Il s'agit, évidemment, des bombes qui furent utilisées par la zone autonome (FLN) dans la fameuse bataille d'Alger. Il fut condamné à mort à chacun de ces trois procès. A aucun moment, il ne fut impressionné par la lecture du réquisitoire du procureur qui réclamait la peine de mort. La tête haute, le regard droit face au juge militaire, il répliqua par ces paroles qui traduisaient parfaitement sa conviction inébranlable quant à l'issue du combat qu'il avait mené : « On demande ma tête, encore et pour la troisième fois. Mais, Messieurs, je suis un mort en sursis et, croyez-moi, ma troisième condamnation à la peine capitale ne m'effraie point...Et, si vous avez à prononcer le verdict monstrueux qu'on réclame contre nous, soyez persuadés que la guillotine est pour nous ce que la Croix représente dans vos églises...L'Algérie sera libre envers et contre tout ». Ce courage et cette témérité légendaire ne sont pas près d'être oubliés surtout par l'ancienne génération, à sa tête l'ancien syndicaliste, Abdelmadjid Azzi, qui a tenu à marquer de sa présence l'événement. « Le défunt est connu pour avoir rejoint le maquis en 1956 suite à l'appel des étudiants. Il est monté au maquis à Azzefoun. Par la suite, il a été arrêté et transféré à Alger. Emprisonné dans différents endroits, l'armée coloniale a décide de le liquider physiquement. C'est lui qui fabriquait les bombes qui ont été déposées à Alger. Aujourd'hui, nous avons une pensée pour lui, son fils et son frère qui étaient chouhada. Le défunt a un autre frère qui a été emprisonné avec d'autres moudjahidine », a-t-il déclaré.