La question de la révision de la Constitution est différemment appréciée par les députés de la communauté algérienne établie à l'étranger. Si certains estiment que cette question doit se limiter à l'équilibre des pouvoirs, d'autres trouvent que l'amendement de la loi fondamentale du pays doit donner lieu à plus de liberté et un meilleur renforcement des prérogatives des instances élues. Abdelkader Haddouche, député FLN, affirme que « le problème actuel de l'Algérie ne réside pas dans la révision constitutionnelle en elle-même ». Pour lui, « la réflexion doit être menée pour avoir une Constitution stable et durable qui tiendrait compte de l'évolution de tous les aspects de la société algérienne ». Le député de la zone 2 est favorable au principe de la limitation des mandats. « Je crois que deux mandats présidentiels seraient largement suffisants », a-t-il indiqué. Notre interlocuteur plaide pour « un plus grand équilibre entre les différents pouvoirs, notamment le pouvoir judiciaire qui doit être renforcé et réhabilité davantage pour permettre à ses acteurs de jouer pleinement leur rôle, notamment en ce qui concerne la lutte contre les crimes économiques, telle la corruption », a-t-il estimé. M. Haddouche souligne que le même travail doit se faire en direction du pouvoir législatif, à travers la réhabilitation et le renforcement du rôle du Parlement. « Il faut donner plus de prérogatives aux deux chambres parlementaires, car outre le rôle de légiférer, les parlementaires doivent exercer pleinement leur rôle de contrôle de l'exécutif ». Il parle aussi « d'une meilleure considération à l'égard de l'élu du peuple ». M. Haddouche estime que le régime parlementaire est celui qui convient le mieux à l'Algérie. « Cela va avec le renforcement du rôle de l'institution parlementaire. Ce régime donnera au Parlement le droit de regard sur les autres pouvoirs, notamment l'exécutif qui a tendance à engager de gros budgets sans que le résultat soit réellement conséquent aux plans économique et social. Cette situation est perceptible dans certains secteurs sensibles », a-t-il dit. Le député du FLN a plaidé pour doter la communauté d'un vrai ministère. « La communauté algérienne établie à l'étranger est une partie intégrante de l'Algérie et doit s'investir pleinement dans le développement national », dira-t-il. Pour lui, l'élargissement du débat sur la révision constitutionnelle est tributaire des changements qui seront opérés. « Si le changement est profond, je crois que le débat sera plus profond avec l'implication de tous les acteurs susceptibles d'enrichir ce texte. Dans le cas où le texte passe par un référendum populaire, je crois qu'il faut reporter l'amendement jusqu'après l'élection présidentielle ». Liberté d'expression Pour Samir Chaâbna, député à l'APN, cet amendement « est un plus pour l'Algérie, surtout si les modifications apportent du neuf pour la communauté et prend en charge tous les aspects de la société ». Ce député propose « l'introduction d'un article destiné à l'émigration » et souhaite que cette modification « consacre la liberté d'expression pour la presse et de parole pour le citoyen ». Pour lui, il est important aussi d'avoir « une plus grande égalité entre les hommes et les femmes ». Il dira aussi que l'indépendance de la justice est une question fondamentale. « Les affaires de corruption sont suivies par les Algériens à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Pour cela, il faut avoir une justice indépendante, dotée de tous les moyens qui lui permettent de mener les investigations nécessaires », fait-il observer. A propos du rôle du Parlement, notre interlocuteur dira que cette institution « doit avoir plus de prérogatives lui permettant de suivre et d'intervenir dans tous les événements et les problèmes qui touchent la société ». Pour lui, le parlementaire « doit avoir la liberté et l'esprit d'initiative grâce aux mécanismes de contrôle de son exercice ». A propos du débat relatif à la question de la révision de la Constitution, notre interlocuteur estime qu'« il doit être élargi à toute la société pour exprimer son avis ». Pour lui, « cela va permettre d'impliquer et de responsabiliser le peuple. Ce qui donnera aussi une plus grande légitimité au texte ». Mohamed Gahche, ancien député à l'APN, représentant de la zone 5, propose d'instituer « la République algérienne » au lieu de « la République algérienne démocratique et populaire ». Pour lui, « la Constitution algérienne n'a jamais changé cette appellation sachant que beaucoup de pays ont franchi ce pas ». Pour Nourredine Belmedah, député FLN, représentant la zone 4, la révision constitutionnelle est « nécessaire » pour réviser « les articles qui définissent les relations entre les pouvoirs publics et les citoyens ». Concernant les attentes de la communauté algérienne établie à l'étranger, il estime que « la priorité est de revoir à la hausse le nombre de députés de la communauté afin d'avoir une meilleure représentativité ». Il plaide pour « une représentativité au Conseil de la nation ». Notre interlocuteur affirme qu'il a entamé une série de consultations avec les membres de la communauté, afin de recueillir leurs avis sur la question.