On dit souvent des parasites qu'ils n'ont la vie dure que parce que les conditions de leur prolifération persistent et qu'il y a forcément une réalité hygiénique qui fait que les parasites s'imposent. Il en est de même des spéculateurs dont on peut dire qu'ils doivent d'être prospères à une réalité socio-économique propice à tous les abus. En comparant parasites et spéculateurs, on affiche d'ores et déjà un positionnement éthique et moral qui annonce la couleur. Non seulement on condamne ce parasite économique et social qu'est la spéculation, mais on invite à identifier les causes qui favorisent le développement de la pratique dans un contexte de transition économique. Il est facile d'attribuer toute la responsabilité à l'acte de régulation publique qui est certes attendue pour refreiner tous les élans opportunistes, mais la seule régulation ne peut abattre la spéculation, celle-ci se nourrissant de chaque comportement consumériste non souverain dont le propre est de se soumettre au diktat du marché au lieu que ce soit exactement le contraire, la loi de l'offre et de la demande sous économie de marché, ayant généralement intronisé roi le consommateur, au service duquel l'offre doit se plier en huit. Le consommateur est donc au centre d'une stratégie de lutte contre la spéculation et les spéculateurs, alors qu'au jour d'aujourd'hui, il en demeure le maillon le plus faible, car vunérable et perméable à la manipulation commerciale dont procède la spéculation, qui conditionne le succès de sa démarche à la manière dont elle arrivera à conduire le consommateur à des comportements de consommation irrationnels mus par des craintes de disette. Il est vrai que la maîtrise, à terme, d'un marché de gros caractérisé par la visibilité et la transparence et par un nombre restreint et raisonnable d'intermédiaires, pourra permettre d'anéantir la spéculation qui fait rage, notamment à des périodes propices, mais il est d'ores et déjà possible d'en limiter considérablement les effets en promouvant l'idée d'une consommation éthique. Il s'agit d'une idée de la consommation qui est à la citoyenneté ce que l'effet est à la cause, c'est-à-dire aux destins intrinsèquement liés. En fait, il est question de croire, avec foi, qu'en refusant en tant que citoyen qui a pourtant les moyens d'y face, d'acheter des produits alimentaires coûtant excessivement chers, on se montre solidaire avec son concitoyen qui, lui, n'a pas les moyens d'honorer ces achats, et en même temps, on tue dans l'œuf une entreprise de spéculation censée se nourrir de l'indifférence des uns envers les autres. En attendant mieux, cela est le smig à donner.