Les syndicats du secteur de l'éducation ne semblent nullement rassurés par les engagements pris, samedi dernier, par le ministre de l'Education nationale concernant la prise en charge des revendications socioprofessionnelles des travailleurs du secteur, au terme de la séance qui les avait réunis quatre heures durant. Pour eux, c'est une réunion protocolaire, qui ne fera que maintenir le statu quo prévalant dans le secteur depuis 2010, étant donné l'absence de dispositions concrètes pour l'application des lois et la non satisfaction es doléances en suspens depuis des années. Ils rappellent avoir, à plusieurs reprises, cosigné avec la tutelle des PV similaires, mais qui sont restés lettres mortes en l'absence de décret exécutif. « Ce sont des expériences amères », regrettent-ils, mais ils se disent déterminés à aller jusqu'au bout, n'excluant guère la reconduction des grèves cycliques pour faire valoir leurs droits. Le Cnapest, le Snapest et l'Unpef ont déjà annoncé la couleur. Ils n'attendent que la tenue de leur conseil national, pour fixer la date du débrayage. « Ça se fera incessamment », a souligné le président du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest), Larbi Nouar, n'écartant guère le boycott des examens de fin d'année. « Un acte préjudiciable, certes, pour les élèves, mais il s'impose comme seule alternative, pour nous faire entendre », regrette-t-il. Il juge inconcevable de traiter un dossier aussi lourd et complexe que celui des travailleurs de l'éducation avec une telle légèreté. Il serait, plus judicieux, selon lui, de tenir des réunions bilatérales avec chacun des syndicats du secteur, pour pouvoir étudier les problèmes à même de leur trouver des solutions. Tout en admettant que certaines revendications ne relèvent pas des prérogatives du ministère de l'Education, comme la rémunération de certaines indemnités, des heures supplémentaires et celle de la correction des copies, le président du Cnapest estime que le gouvernement doit expliquer ce qu'il y a lieu de faire pour rassurer les travailleurs du secteur de l'éducation, qui représentent 50% des effectifs de la fonction publique. C'est aussi l'avis du coordinateur national du Syndicat national des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), Meziane Mériane. Qualifiant la situation d'inchangée, la protestation reste l'ultime recours. Pour ce syndicat, les promesses ne suffisent pas, les travailleurs revendiquent des mesures concrètes. L'Union nationale des personnels de l'éducation et de la formation (Unpef) déplore, pour sa part, le non aboutissement des démarches entreprises, allusion faite aux mouvements de protestation des travailleurs du secteur et le non respect des engagements des pouvoirs publics. « La réunion protocolaire que nous avons tenue samedi avec le ministre n'a fait qu'exacerber la tension, donnant lieu à un durcissement des positions et une intransigeance sans précédent au sein de la corporation », a souligné son chargé de communication, Messaoud Amraoui. La poursuite, aujourd'hui et demain, de la grève dans les wilayas du sud et le débrayage cyclique prévu à partir du 5 mai prochain dans cette même région, dans les Hauts-Plateaux, et dans les Aurès, prouvent que la corporation n'a guère l'intention de revenir en arrière quelles que soient les conséquences. Mais, contrairement aux déclarations des partenaires sociaux, le président de la Fédération nationale des parents d'élèves (Fnape), Hadj Dellalou, considère la rencontre tenue entre le ministre et les syndicats du secteur comme le début de « la voie vers un dialogue, franc, constructif et direct ».