La galerie Aïcha-Haddad abrite depuis le 24 avril dernier au 10 mai, l'exposition « Les milles et une couleurs » de l'artiste peintre Hayet Kenouna. A travers 23 tableaux, l'artiste fait part de son rêve de voyage à travers lequel la femme est honorée. Chaque femme est une Shéhérazade, qui raconte ses mille et une couleurs de patrimoine culturel, par sa danse, son costume traditionnel ou folklorique, parfois par un instrument comme l'imzad dans « Joueuse d'imzad » ou une fleur symbole de caractère national comme la fleur d'abricotier dans « Méditation chinoise » et l'hibiscus rouge « Okinawa ». Cela étant, « le fond noir c'est la nuit, le moment où Shéhérazade raconte son histoire, mais j'aime aussi le support noir puisqu'il permet aux couleurs d'exprimer à haute voix. C'est un message d'humanité qui parle de lui-même. Je suis une algérienne qui aime son pays, j'aime et je respecte nos belles traditions, mais j'aime aussi découvrir les autres... On vit sur la même planète ! », laisse-t-elle entendre, comme pour mieux expliquer sa tendance à aller d'un bout à l'autre du monde. Sa technique consiste à faire des « bas-reliefs sur verre » qu'elle appelle « la sculpture au pinceau couche par couche ». Le pinceau fait ressortir les reliefs avec des couches de peinture vinylique, puis elle peint à l'acrylique. « J'avais 19 ans quand j'ai découvert cette peinture qui adhère parfaitement au verre. J'ai remarqué ça dans les gouttes du vinyle qui tombaient sur les vitres de la fenêtre, un jour, en peignant le plafond. Une technique qui prend beaucoup de temps et de patience, mais qui a réalisé mon rêve de faire sortir mes dessins de leur destinée plate. On ne crée pas vraiment, on trouve, plutôt, des idées que la nature nous offrent en la contemplant », explique-t-elle. A rappeler que cette même exposition s'est déroulée, du 23 mars au 1er avril à l'hôtel Saint-George. « Mon rêve était de partager, de dévoiler ma technique cachée depuis longtemps, et c'était l'occasion pour l'échange, pour connaître et faire connaître. Il y a ceux qui m'ont dit que ce que je fais est « original », des mots qui me poussent à travailler davantage, pour dire que l'artiste algérien peut créer, même si parfois l'atmosphère est décourageante. Il y a ceux qui m'ont encouragé à avancer en tenant compte des critiques constructives », révèle-t-elle. Hayet Kenouna est une artiste plasticienne autodidacte. « Même si j'ai eu trois Bac, je n'ai jamais choisi d'étudier l'art. Celui-ci est, pour moi, un refuge qui procure une grande sensation de liberté. Je risque de perdre cette sensation si je me sens guidé par un emploi du temps, un sujet ou une technique. C'est pourquoi j'apprends à ma façon », fait-elle observer.