« L'APN va procéder à la généralisation de la nomenclature chiffrée des maladies au profit des médecins militaires de la Gendarmerie nationale », a indiqué le chef de la 4e région militaire de Ouargla, le général-major Abderezzak Chérifn lors d'une journée d'information médicale organisée jeudi à Ouargla par le service central de la santé de la Gendarmerie nationale en coordination avec la direction centrale de la santé militaire au niveau du ministère de la Défense nationale (MDN). L'officier supérieur a appelé à la généralisation du système de maîtrise des risques alimentaires et l'actualisation des connaissances concernant les conditions de recrutement au sein de l'ANP. Il a plaidé pour un débat sur le phénomène de l'immigration clandestine afin de cerner les causes et les risques sociaux et économiques de ce fléau qui a pris de l'ampleur vu la situation dans la région du Sahel. Le responsable militaire a fait savoir que 90% des cas de paludisme constatés en Algérie sont originaires des pays du Sahel, notamment du Mali et du Niger. « La majorité des cas malades ont été enregistrés dans des régions du Grand Sud, c'est à dire les lieux de concentration des immigrants clandestins », a expliqué le général-major. Face cette situation, le responsable militaire a appelé les spécialistes présents à ce séminaire à « identifier les nouvelles techniques médicales et les nouvelles dispositions permettant la gestion des risques du déplacement massif des refugiés maliens au sud algérien », telle l'expertise médicale. « Aucun cas de contamination au sein de l'ANP » Néanmoins, le colonel Abdelhafid Abdaoui, commandant le 4e commandement régional de la GN de Ouargla, a affirmé que l'ANP « n'a enregistré aucun cas de contamination, et ce grâce au dispositif de prévention mis au niveau des frontières terrestres ». Toutefois, il a mis en exergue les dangers de l'immigration clandestine sur la santé des premiers intervenants que sont les militaires et les groupements des gardes frontières (GGF). De ce fait, il a évoqué la nécessité d'étudier les maladies professionnelles spécifiques pour « les classifier et assurer les droits des troupes ». Ce genre de séminaire permet l'adaptation du système sanitaire militaire de la Gendarmerie nationale aux nouveaux défis « et s'inscrit dans le processus du professionnalisme de l'ANP », a-t-il soutenu. Le chef du service central de la santé relevant de la direction des ressources humaines (DRH) du commandement de la GN, le colonel Abdelkarim Djebaili, a, lui aussi, relevé que les troupes, notamment les GGF, sont confrontées directement aux dangers de l'immigration clandestine. Il a affirmé que des mesures ont été prises à travers les visites systématiques des éléments, les tests et la formation continue des médecins militaires de la GN. Le responsable de la santé a indiqué qu'il existe 80 maladies d'ordre professionnel. Plusieurs mesures ont été prises en faveur des éléments à l'instar de la réalisation de logements de fonction au niveau des régions frontalières pour les GGF et le rapprochement géographique. En effet, un cadre de la GN a évoqué les conséquences de l'épuisement professionnel, les causes et les mesures prises ainsi que le rôle du médecin d'unité dans l'hygiène mentale de la troupe. Interrogé sur les cas de suicide enregistrés ces dernières années dans les rangs de la Gendarmerie, le colonel Djebaili nous a affirmé que deux cas seulement y ont été enregistrés dont les causes ne sont pas liées aux problèmes professionnels. Il a rappelé que la GN a formé des psychologues pour le soutien de ses éléments. « 25 psychologues couvrent les six régions militaires, les écoles et les centres d'instruction. Notre objectif est de placer un psychologue dans chaque groupement », a-t-il précisé tout en indiquant la mise en place d'un bureau d'accompagnement (CMS) pour les familles des gendarmes en mission. Les infections respiratoires aiguës, causes majeures de mortalité chez les réfugiés Des spécialistes de la santé militaire ont expliqué que contrairement aux réfugiés, les immigrés clandestins sont ceux qui ont franchi les frontières et qui ne sont donc plus sous la protection de leur pays d'origine. Les environnements des personnes déplacées facilitent la prolifération d'insectes et de rongeurs porteurs de maladies, ont expliqué des médecins militaires. Ce qui engendre des situations de vulnérabilité en matière de santé. Sur ce point, A. Aouni, S. Alleg, Y. Guellati, Berchiche du service de médecine légale et préventive, de l'hôpital central de l'Armée, de Aïn Naâdja, ont relevé, dans une conférence intitulée « la gestion des risques épidémiques des populations déplacées », l'existence de plusieurs maladies qui constituent un danger sur la santé du militaire, entre autres les maladies diarrhéiques, tels le choléra et la typhoïde, la rougeole et autres maladies évitables par vaccination (diphtérie, coqueluche, tétanos, poliomyélite), les méningites à méningocoque. Mais pour ces spécialistes, les infections respiratoires aiguës sont la cause majeure de mortalité parmi les réfugiés. Autres maladies dépistées chez les migrants : la malaria, la filariose, la dengue, la fièvre jaune, l'encéphalite, la gale, le typhus des broussailles, la peste, le typhus bénin. Les médecins ont appelé à la mise en place des mesures de lutte et de prévention. Pour le représentant de la division de la police judiciaire de la GN, le premier danger est la connexion de l'immigration clandestine avec les autres formes de criminalité transfrontalière comme la contrebande et le trafic de drogue. En outre, il y a l'implication des migrants illégaux dans d'autres formes de criminalité (activités illégales de commerce, fausse monnaie, escroquerie...). Le conférencier a plaidé pour un traitement global des causes profondes de l'immigration clandestine que sont le sous-développement et l'instabilité politique. « Il faut englober la facilitation de circulation des personnes et la promotion des échanges humains à travers l'assouplissement de la procédure de délivrance des visas », a-t-il proposé. « Une meilleure circulation des personnes ne peut que réduire la migration clandestine mais aussi le rôle des filières de trafic d'êtres humains », a certifié l'officier supérieur. 28.000 clandestins interpellés en 9 ans En attendant, plusieurs mesures ont été prises par le haut commandement de la GN pour endiguer cette immigration. Il s'agit de privilégier le renseignement pour le démantèlement des réseaux des passeurs, de consolider les dispositifs de surveillance et de contrôle des frontières et des zones d'embarcation et de mettre en place des mécanismes opérationnels appropriés pour garantir la coordination et la complémentarité entre les services de sécurité de la GN, de la police et des gardes côtes. Plus de 28.000 migrants ont été interpellés depuis 2007 dont 7% sont des Asiatiques. En effet, l'Algérie s'est transformée en un pays d'installation des immigrants clandestins en raison de deux facteurs. Il s'agit, selon l'analyse de la GN, de la fermeture des frontières des territoires européens et la mutation socioéconomique de l'Algérie offrant des débouchés en matière d'emploi pour les clandestins. Chiffres à retenir Selon la GN, plus de 16.400 clandestins ont été interpellés durant la période 2010-2013. Le plus grand nombre d'immigrants clandestins arrêtés a été enregistré en 2010 (5.514 personnes). Selon la même source, 3.642 clandestins ont été interpellés en 2012 pour divers délits. Présentés devant la justice, 1.595 ont été refoulés et 1.682 autres écroués. En 2008, plus de 6.249 immigrants clandestins ont été refoulés et 5.291 en 2009. En 2011, les unités de la GN ont procédé au refoulement de 2.635 clandestins mais cette procédure est « gelée » concernant les Maliens pour « des raisons humanitaires ».