Armes automatiques, jumelles infrarouges, projecteurs et détecteurs d'explosifs appelés « fennecs », les hommes du capitaine Maâmeri, commandant du 94e escadron, possèdent l'attirail du parfait GGF. Ils ont été dotés récemment de ce type de matériel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. « Nous avons en face de nous des individus qui n'hésitent pas à utiliser leurs armes. Nous sommes tenus d'être plus rapides. Notre lutte se déroule sur un terrain très difficile, car nous avons plusieurs centaines de kilomètres de frontières à contrôler », souligne le capitaine Maâmeri. Dehors, dans la nuit noire, il fait 42 degrés. Les GGF doivent avoir une parfaite connaissance du terrain où ils se meuvent et qu'on appelle la hamada (désert de pierre). Il y a quelques jours, les GGF du poste avancé d'Abadla ont réussi un coup de filet en arrêtant vers 20h le plus grand trafiquant de drogue dans la wilaya de Béchar. « Il s'agit d'un baron qui était à bord d'un véhicule », précise le lieutenant-colonel Derfouf. Le trafiquant voulait profiter du match qui avait opposé le Real de Madrid au FC Barcelone en plein campagne électorale pour introduire du kif traité. Les enquêtes des services de la GN sur la base des aveux des contrebandiers arrêtés, ont fait ressortir que les narcotrafiquants connaissent des difficultés pour l'acheminement de leur marchandise. Une telle entreprise est devenue un risque devant le renforcement du dispositif sécuritaire. Et pour cela, les barons marocains du kif payent des sommes faramineuses allant de 70 à 100 millions de centimes pour un convoyeur qui doit être aussi un chauffeur kamikaze et jusqu'à 50 millions pour le guide et 10 à 20 millions pour les informateurs. TROIS GROUPEMENTS DE GGF SUR LES PASSAGES DES NARCOTRAFIQUANTS Tous les GGF ont été sensibilisés sur la situation complexe qui a découlé des bouleversements dans les pays voisins. « Nous avons exhorté nos éléments à redoubler de vigilance pour faire échouer tout plan criminel qui vise à déstabiliser le pays », signale le commandant régional de la Gendarmerie nationale de Béchar, le colonel Abdelmajid Benbouzid qui a pris part à cette patrouille sillonnant le long des frontières. « Le dispositif mis en place s'est révélé efficace. Pour preuve, on n'a enregistré aucun incident, on a déjoué toute tentative d'incursion et les législatives se sont déroulées dans le calme », rappelle-t-il. L'officier supérieur ne manque pas de mettre en exergue le travail efficace des jeunes officiers et gendarmes « qui sont mobilisés jour et nuit pour sécuriser le pays ». Au fur et à mesure que la patrouille avance, apparaissent les silhouettes des gendarmes déployés dans des points de contrôle et des pistes. Trois groupements de GGF sont chargés de la surveillance du principal territoire de passage des narcotrafiquants. « Ils peuvent rester en embuscade plusieurs jours quelles que soient la nature du terrain et les conditions météorologiques », souligne le colonel Benbouzid. Le haut commandement de la GN a adopté une nouvelle stratégie sécuritaire au niveau des frontières. Le plan spécial d'urgence consiste en le renforcement des unités opérationnelles en moyens et effectifs. « Nous disposons actuellement de moyens de surveillance très sophistiqués », précise le lieutenant colonel Derfouf, commandant du 9e groupement GGF. Ainsi, les deux brigades de la GN de Timiaouine et Bordj Badji Mokhtar ont été équipées du système Afis, moyen biométrique le plus efficace dans la lutte contre l'immigration clandestine. « L'individu est identifié en une minute », selon un officier. CES « GRENDAYZER » QUI FONT PEUR AUX NARCOTRAFIQUANTS Le plan d'action spécial de la GN a mis le paquet au niveau des frontières sud-ouest pour assurer une large couverture sécuritaire, mais aussi améliorer le cadre de vie des GGF. De nouveaux postes frontaliers viennent d'être installés dans des points stratégiques et des lieux réputés très dangereux. « Ce sont des miradors et des postes d'observation », indique-t-on. Des plate-formes redoutées par les narcotrafiquants qui les appellent « grendayzer », du nom d'un robot d'un dessin animé japonais. Mais les GGF n'ont pas seulement pour mission de dissuader et de lutter contre la criminalité. Ils ont aussi un rôle humanitaire. Ainsi, au niveau des postes frontaliers de Mekmen Ben Ammar à Naâma, les hommes en vert portent assistance et secours à la population nomade. Les médecins militaires font des consultations médicales et administrent des vaccins pour les enfants. Les GGF, eux, ont effectué plusieurs évacuations de malades et de femmes enceintes en plus de leurs interventions lors des intempéries et des catastrophes naturelles.