« Les partisans de Bachar Al Assad tentent de nous entraîner dans un scénario catastrophe » déclare, lors d'un meeting à Istanbul, Recep Tayyip Erdogan, avant d'appeler la population à « être vigilante et à garder son sang-froid face à chaque provocation visant à entraîner la Turquie dans le bourbier syrien », et la communauté internationale à « agir » si elle veut éviter un débordement du conflit syrien. « Les coupables en paieront le prix, qu'ils viennent de l'intérieur ou de l'extérieur du pays », martèle Besir Atalay, le vice-Premier ministre, juste après l'arrestation de neuf suspects. « Tous de nationalité turque mais connus des autorités pour leurs liens avec des organisations proches du régime syrien et de ses services de renseignement », précise Muammer Guler, son collègue de l'Intérieur. Selon Ahmet Davutoglu, le chef de la diplomatie turque, ces suspects sont derrière l'attentat qui a fait 62 morts, il y a une semaine à Banias, une enclave sunnite en pays alaoui, sur la côte syrienne. Comme Erdogan, il demande aux Turcs d'« être attentifs aux provocations ethniques en Turquie et au Liban » et de faire un « distinguo » entre les réfugiés syriens présents en Turquie et le régime de el Assad. Samedi, après l'attentat, Reyhanli, base de milliers de réfugiés syriens, a connu des mouvements de protestation. Certains Turcs imputent au Premier ministre la responsabilité de cette attaque. Il lui reproche son implication dans le conflit syrien, un pays avec lequel ils ont, rappellent-ils, une frontière de 900 km. A Ankara, certains se demandent si leur pays fera appel à l'OTAN dont il est membre et s'interrogent sur la « coïncidence » entre cet attentat et la reprise des efforts, notamment par les Américains et les Russes pour résoudre la crise syrienne qui a fait plus de 70.000 morts déjà. Damas, qui est pointée du doigt par la coalition nationale de l'opposition, dément toute implication. « La Syrie n'a pas commis et ne commettra jamais un tel acte, parce que nos valeurs ne nous le permettent pas. Nul n'a le droit de lancer des accusations sans fondement », déclare, indigné, Omran Zoubi, ministre syrien de l'Information, lors d'une conférence de presse. « Nous avons été attristés par la mort de martyrs », dit-il. « C'est Erdogan qui doit être questionné sur cet acte (...). Lui et son parti en assument la responsabilité directe », poursuit-il, avant de qualifier le Premier ministre turc d'« assassin ».