Agression - La Turquie s'est réveillée ce matin sous le choc du pire attentat perpétré sur son sol depuis le début de la crise syrienne avec l'explosion de deux voitures piégées près de la frontière avec la Syrie, qui a fait au moins 43 morts et une centaine de blessés. Deux véhicules ont explosé hier, vers 10h55 GMT, devant la mairie et la poste de Reyhanli (province de Hatay, sud), une localité située à huit kilomètres d'un important poste frontière avec la Syrie. Au moins 43 personnes ont péri dans cet attentat, a affirmé le vice-Premier ministre, Besir Atalay, au cours d'une conférence de presse à Antakya, une ville proche de Reyhanli, Un précédent bilan faisait état de 41 morts et d'une centaine de blessés, dont une trentaine dans un état grave. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière enregistrée en Turquie depuis plusieurs années et notamment depuis le début du conflit dans la Syrie voisine, il y a plus de deux ans. Les vitres de la plupart des bâtiments ont été soufflées jusqu'à 200 mètres de la zone des explosions, la limite du périmètre de sécurité mis en place par la gendarmerie turque, a-t-on constaté. De nombreux membres de la police scientifique, en combinaison blanche, circulaient à l'intérieur de ce périmètre, a indiqué cette source. Une quinzaine d'ambulances, deux avions et plusieurs hélicoptères médicalisés ont été dépêchés à Reyhanli, une ville de 60 000 habitants. Le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler, a annoncé que les auteurs du double attentat étaient liés à des organisations proches du régime syrien. «Les personnes et l'organisation qui ont mené (l'attaque) ont été identifiées. Il a été établi qu'elles étaient liées à des organisations soutenant le régime syrien et ses services de renseignements», a déclaré M. Güler. Ce dernier a, pour sa part, précisé que les auteurs de l'attentat ne venaient pas de l'autre côté de la frontière, mais se trouvaient en Turquie. «Selon nos informations, les auteurs venaient de l'intérieur», a-t-il souligné. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a, de son côté, mis en garde les auteurs de l'attentat, d'où qu'ils viennent. «Les coupables en paieront le prix, qu'ils viennent de l'intérieur ou de l'extérieur du pays», a-t-il dit aux journalistes lors d'un déplacement à Berlin. Interrogé sur la nécessité d'appeler à une action de l'OTAN, il a déclaré : «Elle n'est pas nécessaire pour le moment.» Il a souligné que ces attentats ne modifieront pas la politique d'accueil de la Turquie vis-à-vis des réfugiés. «Quiconque se réfugie ici est notre hôte», a-t-il dit. - Damas a démenti ce matin toute implication dans le double attentat qui a fait 46 morts dans une localité turque frontalière, réfutant ainsi les accusations d'Ankara. «La Syrie n'a pas commis et ne commettra jamais un tel acte car nos valeurs ne nous le permettent pas», a affirmé le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, dans une conférence de presse retransmise à la télévision publique. «C'est (Reccep Tayyib) Erdogan qui doit être questionné sur cet acte. Lui et son parti en assument la responsabilité directe», a poursuivi M. Zohbi, qualifiant le Premier ministre turc d'«assassin». Le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler a annoncé, hier, samedi, que les auteurs du double attentat étaient liés à des organisations proches du régime syrien. Représailles Les attentats ont provoqué la panique chez les habitants de Reyhanli et des groupes de jeunes ont pris à partie les ressortissants syriens présents dans la ville, contraignant la police à tirer en l'air pour disperser la foule, selon NTV. Des milliers de Syriens fuyant les combats dans leur pays se trouvent à Reyhanli et dans le camp de réfugiés jouxtant la ville. La Coalition nationale de l'opposition syrienne a dénoncé dans un communiqué une tentative par le régime de Damas de «se venger de la population turque et de la punir pour son honorable soutien au peuple syrien».