L'auteur qui a dédicacé, samedi dernier à la librairie du Tiers-Monde, son ouvrage intitulé « L'histoire décolonisée du Maghreb (L'Algérie de 1510 à 1962) amorce une ère dans la lecture de l'histoire. Le livre comporte trois grandes parties. La première analyse les thèses colonialistes et une critique argumentée des historiens coloniaux ; la seconde fait une présentation condensée de certains problèmes que soulève l'écriture de notre histoire comme le peuplement, par exemple. La troisième, une ébauche laborieuse des grandes périodes de l'histoire du Maghreb et de l'Algérie. « Mon livre est une réponse aux historiens de la colonisation. Les historiens coloniaux qui ont développé une thèse qui est vraiment absurde. Pour eux, l'Afrique du Nord a été, de tout temps, dominée par l'étranger. Je réfute cette thèse avec des arguments puisés dans les textes. Je fais un calcul en me disant à quelle période commence l'histoire. On retrouve, notamment, une civilisation qui s'est constituée avec les dolmens. Ce sont des humains qui ont construit les dolmens, et il faut être suffisamment civilisé pour le faire », nous déclare-t-il. « Je parle également du Tassili et des dessins rupestres qui remontrent à 3000 ans avant le Christ. Sur 5000 ans d'histoire, si vous faites le calcul de la période de domination étrangère, on retrouve peu de temps d'occupation. Si on prend l'exemple de la France coloniale, on retrouve à peine 70 ans de domination. Le reste du temps est de la souveraineté algérienne avec notamment l'Emir Abdelkader, El Mokrani... et Cheikh Bouamama. On ne va pas assimiler ces périodes à de la domination. Au total, à peine trois siècles de domination étrangère sur 50 siècles », explique-t-il. Que sont devenus, alors, les 47 siècles dans l'histoire ? « C'est une période où on a été indépendant, souverain et civilisé. Je propose donc un autre chemin de l'histoire. A commencer par la période ancienne avec les dolmens et la pénétration vers l'Egypte, puis la période antique qui est celle de Massinissa et de Jugurtha. De grands rois qui étaient là avant les Romains. Nous avons, ensuite, la période musulmane et non arabe puisque c'étaient des dynasties berbères. Je donne un nouveau schéma pour l'écriture de notre histoire », laisse-t-il entendre. Né le 17 juillet 1929 à Sidi Aich, professeur à l'université d'Alger, Zahir Ihaddaden est diplômé des medersas d'Algérie. Il est licencié es-lettres de la faculté d'Alger et docteur d'Etat en sciences politiques de Paris II (Sorbonne). Rabah Douik « L'histoire décolonisée du Maghreb (L'Algérie de 1510 à 1962) », édition Dahlab, 207 pages, prix public : 500 DA.