La politique américaine à l'égard du monde musulman a été hier le thème d'une conférence initiée par le centre des études stratégiques du journal El Chaâb et animée par le Docteur Radouane Masmoudi, directeur du CSID (Centre Islamique et de la Démocratie aux USA) en présence de plusieurs chercheurs et enseignants universitaires ainsi que M. Abdelaziz Belkhadem, intervenant en tant qu'invité du Forum. Le conférencier a, d'emblée, souligné que la politique américaine à l'égard des musulmans a relativement changé, depuis l'investiture de Barak Obama, notamment après le discours qu'il a tenu pour la première fois, au Caire en juin 2009. «L'élection de Barak Obama a eu lieu dans une conjoncture tendue dans les relations entre l'Occident et le monde musulman, mais cela ne l'a nullement influencé dans sa volonté de se rapprocher de cette communauté qui compte plus de 1,5 milliard de musulmans dans le monde dont 10 millions aux USA», a souligné M. Masmoudi, se référant aux attentats du 11 septembre 2001, ayant secoué la communauté internationale entière tout en portant un préjudice à tous les musulmans. Conscient de sentiment d'appréhension que manifestent les Américains, ces dernières années, à l'égard de l'Islam et des musulmans, le président américain a fait de l'amélioration des relations de son administration avec le monde arabe et musulman l'une des priorités de la Maison-Blanche. S'appuyant sur le dernier sondage d'opinion, effectué par un centre de recherche américain, le Dr Masmoudi indique que 56% des Américains sont convaincus que l'Islam encourage la violence, l'extrémisme et le terrorisme. En 2002, une année après les attentats du 11 septembre, les Américains ayant exprimé le même ressentiment à l'égard de cette religion ne dépassait pas les 14%. Selon le conférencier, pour se défaire de ces préjugés, il incombe aux musulmans d'expliquer par leurs comportements les valeurs humaines—universelles—que véhicule l'Islam. «Les musulmans doivent, où qu'ils soient, transmettre toutes les valeurs que prône notre religion», a-t-il souligné, insistant sur la liberté, les droits de la femme... en Islam, religion de tolérance. Le conférencier reconnaît que malgré tous les engagements pris à l'égard des musulmans, la politique du président Obama, à l'égard des musulmans s'avère bien loin de la réalité. Il cite, entre autres, la fermeture des prisons de Abou Ghreib et Guantanamo. Deux décisions qui tardent à se concrétiser. Se référant aux contraintes auxquelles est confrontée l'administration américaine dans la concrétisation des décisions prises, le conférencier fait allusion d'ailleurs à l'influence et la puissance des lobbies, juifs en particulier. Intervenant à l'occasion, M. Belkhadem a souligné que les intérêts définissent la nature des relations entre les pays. C'est d'ailleurs le cas des USA avec Israël et les visées des deux pays dans le «futur grand Moyen-Orient».