Dans le cadre de la série de conférences organisées par la chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l'université du Québec, à Montréal (UQAM), Omar Belhouchet, le directeur du journal El Watan, a animé, jeudi, une conférence ayant pour thème : « Les défis de l'Algérie : démocratie, économie et terrorisme ». Montréal (Canada) : De notre correspondant Frédéric Nicoloff, journaliste à Radio-Canada, a assuré la modération de cette conférence à laquelle a assisté un public composé d'étudiants, d'enseignants de l'UQAM et de simples curieux dont une partie est originaire d'Algérie. Lors de son intervention, il est revenu sur l'histoire récente de l'Algérie depuis le milieu des années 1980 à nos jours. Une histoire durant laquelle une ouverture politique faite dans l'anarchie a abouti au triomphe du populisme et de la démagogie à travers l'ex-Front islamique du salut (FIS) et qui s'en est suivie, après l'interruption du processus électoral par l'armée en janvier 1992, d'une décennie noire qui a vu naître le terrorisme islamiste en Algérie. Il a rappelé aussi que la corporation des journalistes a été particulièrement touchée pendant cette période où près de 100 journalistes ont été assassinés en plus de quelque 500 autres forcés à l'exil. Les journalistes se trouvaient entre deux feux : les islamistes et le pouvoir. Pour Belhouchet, il est clair aussi que le nombre de terroristes a diminué. On est loin des 45 000 jeunes dans les maquis en 1993. Il a estimé leur nombre actuel à 500. Sur le plan économique, l'idée développée par le directeur d'El Watan est que l'Algérie est un pays riche dont le peuple est pauvre. Lors du débat qui a suivi, les questions sont allées du retour de Ouyahia au troisième mandat du président Bouteflika en passant par les relations algéro-françaises, la relève journalistique, les essais nucléaires français en Algérie, le phénomène d'évangélisation et l'inévitable « qui tue qui ? », point sur lequel Omar Belhouchet a balayé cette thèse en affirmant qu'il n'est pas le défenseur de l'armée algérienne et que pour les massacres sur lesquels El Watan a enquêté, les terroristes qui les ont perpétrés étaient connus et ont été reconnus par les habitants des villages touchés. D'ailleurs, a rappelé le directeur d'El watan, le premier groupe islamiste armé a existé bien avant janvier 1992, du temps du groupe de Bouyali dans les années 1980. Il a aussi fait le parallèle entre la thèse du « qui tu qui ? » et celle qui affirme que les attentats du 11 septembre 2001 sont de la pure manipulation de la CIA. Par ailleurs, le directeur d'El Watan et l'ancien juge français antiterroriste Jean-Louis Bruguière étaient les invités du premier numéro de la rentrée du magazine d'information internationale Une heure sur terre diffusé hier sur la télévision de Radio Canada et consacrée au terrorisme. Une équipe de Radio Canada s'est rendue en Arabie Saoudite où elle a pu filmer un centre de réhabilitation pour les anciens détenus de Guantanamo. Les anciens terroristes suivent un programme qui leur permet une réinsertion dans la société. Un programme qui devrait être mis en application en Irak. Sur le plateau de l'émission, lors de ses échanges avec le juge Bruguière, le directeur d'El Watan a dénoncé le fait que les USA aient choisi de s'attaquer à l'Irak pour son pétrole et pour le diviser dans l'intérêt d'Israël au lieu de s'intéresser à l'Afghanistan et de capturer Oussama Ben Laden qui a revendiqué les attentats de New York. Une démarche qui n'a fait que jeter dans les bras des mouvements terroristes encore plus de jeunes Arabes. Le juge Bruguière a justifié la non-capture de Ben Laden par le fait qu'il soit protégé par les tribus afghanes et a rappelé que, même historiquement, la Grande-Bretagne n'a jamais pu « pacifier » l'Afghanistan. En réponse à une question sur le rôle des médias dans la propagande terroriste, Omar Belhouchet a dénoncé le jeu malsain d'Al Jazeera qui, dans le cas de l'Algérie, « fait dans l'apologie du terrorisme ».