Photo : Makine F. Gare suburbaine d'alger. un grand monde attend patiemment devant les arrêts de bus sous un soleil de plomb. quelques enfants se sont installés à l'ombre des arbres, près de l'entrée piétonne de la station. Devant eux des couffins et des glacières remplis de petites bouteilles d'eau minérale destinées à étancher la soif des voyageurs à raison de vingt cinq dinars l'unité. En cette période, rares sont les passants qui ne sont pas tentés par la fraîcheur du liquide. Les enfants ont vu juste : la vente d'eau dans cette gare érigée au milieu d'un no man's land est un bon filon pour des dizaines d'entre eux. Et si cela ne suffit pas à inciter les citoyens à en consommer, certains revendeurs n'hésitent pas à ramener des packs de bouteilles d'eau tout juste retirés du congélateur. D'autres les exposent au milieu de bassines pleines de glaces à 25 DA la bouteille de 33cl contre un prix officiel de 15 DA l'unité. « Je vends cinq à huit fardeaux d'eau en cinq heures. C'est-àdire de midi à 17h00», explique Salim, un jeune lycéen de 16 ans, orphelin de père. Comme Salim, ils sont des dizaines de jeunes issus de familles souvent démunies qui occupent la gare routière d'Alger et concurrencent d'autres personnes plus âgées qui pratiquent ce commerce périodique. « Aya, Saida, Saida glacée ! », clament-ils sans hésiter à emprunter le bus pour proposer leur produit à des voyageurs suffoquants par une longue attente à l'arrêt puis dans un bus exposé pendant longtemps à un soleil dardant. Au delà de l'aspect commercial et réglementaire de la pratique de ce commerce, ces jeunes vendeurs d'eau minérale rendent énormément de services surtout aux enfants et aux personnes âgées qui se trouvent souvent isolées et assoiffées dans une station de bus à ciel ouvert et dépourvue non seulement de kiosques multiservices mais aussi des toilettes publiques. Alors peu importe le prix de la bouteille. «Je suis diabétique et je dois boire beaucoup d'eau pour éviter que mon état de santé ne se complique davantage. Ces marchands d'eau, nous rendent un énorme service. Je pense qu'ils méritent le prix qu'ils exigent car en fin de compte, eux aussi ont besoin d'eau pour pouvoir faire ce travail», estime ce sexagénaire en partance pour Blida.