Les passages piétonniers, enjambant voies ferrées et routes à grande circulation, sont squattés par «la misère». Emmitouflée dans son hidjab crasseux, une femme d'un âge incertain, tenant un enfant enfoui entre ses jambes, fait la manche au bas d'une des passerelles piétonnières de Hussein Dey. Ce n'est là que le prélude de ce qui nous attendait plus haut sur la passerelle elle même. Ces passages, dont la plupart sont de construction généralement récente en Algérie, enjambent, à Hussein Dey, la voie ferrée pour mener à la gare routière principale d'Alger. Ils mènent également vers les points d'arrêt de bus établis face à cette même gare ou encore derrière la gare ferroviaire de cette localité jadis banlieue d'Alger où grouillait une activité manufacturière par excellence. Ailleurs, elles franchissent également, en de nombreux points du pays, les routes à grande circulation appelées pompeusement chez nous «autoroutes». Ces passerelles sont devenues de nos jours le nouvel «eden» des marchands «à la sauvette». Il en existe un peu partout dans le pays pour autant que l'environnement le permette. Si elles ne sont pas aériennes, elles sont souterraines avec d'autres aléas encore plus préoccupants comme une insalubrité repoussante, les agressions, le manque d'éclairage...et autres maux. L'espace de la passerelle, en particulier celle qui part de la gare ferroviaire de Hussein Dey vers la gare routière, ne s'étire que sur quelques dizaines de mètres seulement, avec une largeur ne permettant pas plus de trois personnes, est carrément squattée par de petits étals offrant, les uns des friandises à bon marché, des cacahuètes, des mouchoirs en papier..., les autres, des cigarettes au détail ou en paquet, des briquets...et que sais-je encore?! Certains proposent même des galettes ou des gâteaux de qualité douteuse, exposés aux quatre vents à la poussière de la voie ferrée, notamment au passage d'un train, et celle soulevée immanquablement par la circulation routière. Ainsi, après avoir pris en «otage» rues et trottoirs du centre-ville, dont les maigres espaces se trouvent occupés par le commerce informel qui s'amplifie sans cesse, ces vendeurs n'ont rien trouvé de mieux que d'occuper ces passages censés rendre service aux piétons en facilitant leur déplacement vers des points publics. En effet, quoique l'on dise, ces vendeurs perturbent énormément le flux des piétons vers le centre-ville ou vers les gares et arrêts. Pour ne citer que le cas le plus connu, la passerelle (re)construite pour drainer la foule venant des stations routières situées sur l'avenue de l'ALN (ex-route Moutonnière) au bas du quartier dit «Maurétania», vers la ruelle parallèle à la rue Hassiba Ben Bouali (ex-rue des Colons) et débouche perpendiculairement au boulevard Victor-Hugo, en est une illustration parfaite. Une véritable cohue de personnes se muait dans une bousculade indescriptible sur la passerelle pour rejoindre le quartier dit «Le Moulin», cela avant sa rénovation et son aménagement. C'était un vrai parcours du combattant pour parvenir à l'autre bout de la passerelle. Beaucoup s'en souviennent. Les causes principales, en plus de l'étroitesse du passage, étaient dues également aux vendeurs «à la sauvette» qui s'y agglutinaient. Ils sont toujours là, avec la horde de mendiants «professionnels» affublés de «leurs» enfants en bas âge, et autres nécessiteux, mais apparemment en gênant moins les passants au regard de la passerelle rénovée qui offre plus d'espace pour circuler un peu mieux. Ces vendeurs ne sont pas ceux qui installaient autrefois un étal de fortune sur le trottoir et sur lequel étaient proposées plusieurs marchandises par exemple des jouets, des parfums, des vêtements, des médicaments chinois traditionnels...Ce ne sont pas non plus ces vendeurs de «p'tits riens» que l'on rencontre dans le marché aux puces (dlala) et qui proposaient, sur leurs étals «savamment organisés», une profusion d'ustensiles et d'objets hétéroclites (des râpes à fromage, des lacets, des bouchons, des boutons, des filets à provisions, de multiples couteaux...) que l'on peut, sans contrainte aucune, regarder, examiner, palper, marchander...Rien de tout cela! Aujourd'hui, ce sont des produits neufs qui sont proposés à la vente. Certes menus, mais d'usage courant, de tous les jours. Leur prix est bien sûr abordable par rapport à ceux pratiqués dans les boutiques, mais au risque d'être leurré quant à la qualité ou l'endurance. Une autre catégorie de «petits métiers», oserions-nous dire est, d'autre part, venue grossir la population des vendeurs habituels. Ce sont les gens du Sud de l'Algérie qui proposent du bon thé parfumé et autres africains venus du Niger, du Mali...qui proposent des lunettes de soleil en verre...anti-UV pardon! Questionnés sur place, sur la passerelle de Hussein Dey, ces nouveaux venus sur la place, ont répondu à L'Expression, après quelques hésitations, somme toute compréhensibles, que leur activité est lucrative et ils arrivent sans peine à «boucler» leur mois. Ils cherchent leur «place au soleil» ont-ils expliqué.