Selon Al-Watan, un quotidien syrien, des membres du Front Al-Nosra, la principale formation militaire en guerre contre le régime de Bachar al-Assad, ont fêté, début mai, le raid israélien contre le territoire syrien. Pis, au plus fort de leur joie, ils ont mis le feu au drapeau palestinien ! Les « amis » de l'Etat hébreu ne se limitent pas à Al Nosra, une organisation terroriste au sens des Nations unies. L'ALS, armée de libération de la Syrie, se sert des hôpitaux de campagne érigés par Israël, sur les hauteurs du Golan aussi. « Avant ce raid, on avait le moral à zéro. On ne peut que remercier Israël », affirme un porte-parole de cette « armée » cité par le journal. Saed Nafa, ex-député de la Knesset, confirme cette relation dans une lettre envoyée à ce journal. « Israël soutient le Front Al-Nosra et les soins prodigués à plusieurs rebelles salafistes dans les hôpitaux sionistes, est compris, en ce sens », écrit-il. « Sans le soutien d'Israël, le Front d'Al-Nosra n'aurait jamais été capable de prendre position au Golan », dit-il. Outre les membres d'Al Nosra et de l'ALS, ces hôpitaux accueillent, selon la chaîne Al-Manar, les terroristes blessés avant de les renvoyer au front. Raison de ce soutien ? Al Nosra, écrit le journal Al Bayane, citant un rapport du Pentagone, « étend ses tentacules aux pays voisins de la Syrie (Irak, Jordanie, Liban, etc.) avec comme objectifs, la constitution de groupes de kamikazes prêts à commettre des attentats et l'incitation des chefs de tribus à la violence et la propagation de l'extrémisme confessionnel ». Et au démembrement, à court terme, de ces Etats en fonction des ethnies, des religions, etc. Plusieurs analystes soupçonnent Al Nosra qui est officiellement labellisée Al-Qaïda de « chercher » à servir de prétexte aux Occidentaux pour intervenir directement, du moins s'ingérer, dans ces pays plongés, malgré eux, dans l'instabilité et la violence, et ce, au nom de la lutte contre le terrorisme. Certains analystes vont plus loin. Selon eux, pour atteindre les objectifs économiques, géostratégiques, les Occidentaux sont passés de la « lutte contre le terrorisme » à l'« exploitation du terrorisme ». Autrement dit, le terrorisme et les groupes terroristes sont devenus un moyen pour les Occidentaux afin de réaliser leurs objectifs. Notamment dans le monde arabo-musulman. Ce discours contradictoire des Occidentaux n'a-t-il pas poussé Koffi Annan, l'ex-émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, en Syrie, à claquer la porte ? Promesse « de filles et d'argent » En Algérie, en Libye, en Egypte, en Tunisie, on recrute à tour de bras, notamment parmi les jeunes chômeurs, de la chair à canon toute fraîche contre une promesse « de filles et d'argent ». Selon Othmane Jarandi, le ministre tunisien des Affaires étrangères, au moins 800 « victimes » de ces réseaux combattent aux côtés des rebelles contre le régime en Syrie. « L'Union européenne sonne l'alerte », écrit El Mundo, reprenant les déclarations des responsables de l'Office européen de lutte contre le terrorisme. 500 jeunes Européens originaires de 14 pays au moins ont pris les armes contre le régime syrien, selon Gilles de Kerchove, monsieur anti- terrorisme de l'Europe. Le Centre international pour l'étude de la radicalisation (ICSR) du King's College de Londres, situe ce nombre « entre 7 et 11 % des 3.000 à 5.000 combattants étrangers qui luttent avec les groupes rebelles en Syrie contre le régime syrien ». Ils seraient originaires particulièrement de France, de Belgique, des Pays-Bas et du Royaume-Uni. Contrairement à l'Afghanistan, ces 500 « néo-djihadistes ont le même objectif que celui des pays d'où ils viennent : faire tomber le régime d'Assad et transformer la Syrie, après l'après l'avoir transformée en « Etat failli », en creuset du « terrorisme international » pour un moment. Soit le temps que les puissances régionales qui sont présentes au Moyen-Orient soldent leurs comptes. Que faire des revenants ? Faut-il ouvrir une information judiciaire contre les « vétérans » de cette guerre ? Les envoyer en prison ? Les laisser en liberté en espérant qu'ils ne recommenceront pas ? Tous les spécialistes de la question s'accordent à dire qu'une partie de ces « revenants » pourrait retourner chez eux comme « terroristes domestiques » ou verser dans le terrorisme. Quand on réalise que les groupes armés qui mènent des combats sur le sol syrien sont composés à 80 % de mercenaires originaires de 29 pays du monde, dixit Omran al-Zohbi, le ministre syrien de l'Information, il y a lieu de s'inquiéter pour ces pays. L'Arabie saoudite, l'un des pays actifs sur la scène syrienne, tente d'endiguer le flux de ses « centaines, voire de ses milliers d'enfants » qui ont rejoint la nouvelle « terre de jihad ». Pour éviter à son pays de payer pour la seconde fois « le prix du départ de milliers de jeunes en Afghanistan dans les années 1980, dont un certain Oussama ben Laden », le roi Abdallah monte au créneau. Il met en garde « contre ceux qui trompent (nos) enfants, dont certains ont été tués et d'autres emprisonnés ». Le mufti, plus haute autorité religieuse du royaume, aussi. « Le jihad dans les pays sinistrés (...) surtout dans une situation chaotique avec une prolifération d'organisations armées, n'est pas du jihad. Le jihad doit avoir l'assentiment des gouvernants », dit-il Le « poids » des vétérans de l'Afghanistan est vivace. Pas seulement en Arabie saoudite.