L'Algérie se dotera d'un Observatoire national de l'équité sociale (ONES) avant la fin de l'année dont les missions sont d'organiser l'informatique statistique et aider à la prise de décision. C'est l'annonce faite hier, par le Secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Prospective et des Statistiques, Bachir Messaïtfa, lors d'une journée d'étude sur l'analyse des privations de l'enfant et des disparités selon l'approche Multiple Overlapping Deprivation Analysis (MODA). L'adoption d'un tel mécanisme d'analyse « s'inscrit dans le cadre d'une action intelligente admise dans notre département ministériel et de l'application du plan de l'Etat relatif à la politique sociale. Notre souhait est d'intégrer la vision de l'Unicef par l'application du MODA dans l'analyse des disparités parmi les enfants et ce afin d'assurer une meilleure cohésion sociale et préserver les acquis obtenus », dira le secrétaire d'Etat. L'approche est, pour M. Messaïtfa, « d'une importance capitale dans le partage des chances et constitue un élément déterminant dans l'instauration de l'équité qui permet une meilleure distribution des richesses ». Car, les disparités peuvent influer négativement sur le développement du pays. L'Algérie, comme le rappellera le ministre, a toujours misé « sur la protection sociale en lui réservant 11% du Pib et la ressource humaine qui vient de recevoir 40% du budget 2014- 2015 ». Toutefois, la mise en place de l'ONES « en tant qu'organe fédérateur des énergies et des réflexions pour lutter contre les inégalités, la pauvreté (estimée à 5%) reste variable et résiduelle alors que la question des disparités selon les revenus, reste posée », précisera le ministre. Le représentant de l'Unicef en Algérie, Thomas Davin, tout en reconnaissant les efforts et les investissements très lourds consentis par l'Algérie, dira que « nous devons aider à ce que les enfants aient les mêmes chances et les mêmes opportunités ». Il affirmera que « l'analyse est importante mais elle est loin d'être suffisante d'où la nécessité de travailler avec les ministères et aider à prendre des décisions, aider l'Algérie dans son plan de développement 2015-2019 ». La notion d'équité recouvre deux principes fondamentaux, l'égalité des chances et celui de ne pas être laissé-pour-compte notamment du point de vue santé, éducation et consommation. Pour Roberto Benes, conseiller régional en politiques sociales au bureau régional de l'Unicef (région Mena), « l'Unicef adopte le principe de l'équité pour l'édification de la justice sociale contre l'exclusion économique et sociale. L'équité nous incite à identifier qui est laissé de côté et pourquoi, et les intégrer en développant et en renforçant les politiques universelles et inclusives », dira-t-il. Il affirmera que « l'approche MODA est fonctionnelle au développement d'une stratégie nationale de protection sociale pour parvenir à l'équité. Une protection sociale adaptée aux enfants tenant compte des vulnérabilités multidimensionnelles propres à chaque âge qui sont différentes de celles des adultes ». M. Benes ne manquera pas de souligner les efforts consentis par l'Algérie dans l'éducation. Dans la région Mena, la pauvreté a empêché des enfants de 7 à 17 ans d'aller à l'école, soit 20,3% au Yémen, 11% au Maroc et 3,2% en Egypte. Notre pays est à 2,2% de la population dont la pauvreté a influé sur l'accès à l'éducation. Dès aujourd'hui, le processus opérationnel d'adaptation du système MODA sera mis en route en concertation avec les cadres de l'Unicef avec l'aide des chercheurs du Cread et l'appui des experts du centre Innocenti.