Les derniers succès enregistrés sur le terrain par l'armée syrienne et l'inflexibilité de Moscou - qui joue, à fond, la carte de la légalité internationale - ont provoqué de sérieux remous, non seulement dans les rangs de l'opposition syrienne établie à l'étranger, mais aussi parmi ses principaux soutiens (Etats-Unis, Europe et certains pays arabes). Si le gouvernement syrien est prêt pour Genève, les responsables de la Coalition de l'opposition peinent à se mettre d'accord sur une plateforme commune, étalant au grand jour leurs divergences. Quatre d'entre eux, dont l'opposant historique, Michel Kilo, ont vigoureusement critiqué, hier, la paralysie de la Coalition. « Il est incontestable que les responsables (de la Coalition) ont échoué à prendre leurs responsabilités et à incarner la révolution engagée par le grand peuple syrien, d'un point de vue organisationnel, politique ou humanitaire », ont-ils dénoncé, qualifiant d'« échec » la politique de leurs partenaires. Selon des observateurs, la guerre que se livrent certains pays pour contrôler l'opposition est la principale cause de ce blocage. Devant ce remue-ménage, le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, l'ambassadeur des Etats-Unis en Syrie, Robert Ford, et un diplomate français en charge du dossier syrien, ont pris part au conclave dans l'espoir de rapprocher les points de vue et de trancher leur participation ou non. Un autre sujet qui fâche : l'Iran. « La question de l'Iran, pour nous, est cruciale », a répété, mardi, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui voit, au-delà de la crise syrienne, se profiler la question du nucléaire iranien ». La France qui, après s'être farouchement opposée à la participation de la République islamique d'Iran, semble revoir sa copie. Malgré ses relations tumultueuses avec ce pays, Paris a dépêché un émissaire à Téhéran. Elément clé dans le développement de la crise syrienne, l'Iran plaide pour le maintien du président syrien jusqu'à l'élection présidentielle en 2014. Téhéran a abrité, hier, une conférence internationale visant à préparer « le terrain à la fin de la violence et à « aider à l'organisation des élections sous supervision internationale ». Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, était présent. Cette rencontre a été, selon le porte-parole de AE, Amar Belani, l'occasion de « souligner la position de l'Algérie » qui a toujours appelé à « mettre un terme à la violence quelle que soit son origine et à régler la crise syrienne politiquement et par le dialogue, seul moyen à même de préserver l'unité, la souveraineté et l'indépendance de la Syrie ». Au même moment, à Genève, le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU discutait d'un projet de résolution américano-turco-qatari, condamnant l'intervention de combattants étrangers au service du régime syrien à Qousseir, allusion aux membres du parti libanais, le Hezbollah, qui a officiellement revendiqué son soutien militaire à l'armée syrienne dans la bataille qui se déroule depuis des semaines dans cette ville stratégique du nord du pays. La réaction de Moscou ne s'est pas fait attendre : son chef de la diplomatie a déclaré que le nombre de combattants arrivés en Syrie, d'Afrique du Nord et d'Europe, augmente, en référence aux éléments djihadites qui rejoignent le « maquis » syrien, sous l'emblème du Front al Nosra, affilié à al-Qaïda.