Ingérence - Avec les options des uns et des autres, la Syrie risque d'être inondée d'armes. D'où la question : à qui profite les souffrances de tout un peuple ? Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU se penche, ce mercredi, sur un projet de résolution condamnant «l'intervention de combattants étrangers» à Qousseir, ville stratégique de la Syrie, théâtre de violents combats. De son côté, Moscou insistait, hier mardi, pour livrer des missiles à la Syrie, tandis que le régime syrien a dénoncé, tout comme son allié russe, la décision de l'Union européenne de lever l'embargo sur les armes à l'opposition armée, estimant qu'il s'agissait d'un obstacle aux efforts de paix en cours. Le projet de résolution, déposé par les Etats-Unis, la Turquie et le Qatar, vise ainsi notamment le Hezbollah libanais, sans le nommer. Le texte «condamne l'intervention de combattants étrangers qui luttent pour le compte du régime syrien à Qousseir». S'exprimant, hier mardi, au cours d'une réunion entre diplomates ouverte aux médias, un représentant syrien a expliqué que les forces armées syriennes avaient l'obligation de protéger les civils et d'«extraire» les terroristes infiltrés dans Qousseir. La Chine et la Russie ont pour leur part relevé que la résolution n'était pas de nature à pouvoir aider à la mise sur pied d'une conférence internationale sur la Syrie. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a justifié les livraisons prévues de systèmes sol-air sophistiqués S-300 à Damas en estimant que ces missiles visaient à dissuader toute velléité d'intervention extérieure dans le conflit. «Des mesures de cette sorte dissuadent en grande partie certains esprits échauffés d'envisager des scénarios dans lesquels le conflit prendrait un tour international avec la participation de forces étrangères», a-t-il dit. Mais Israël, qui a mené, début mai, deux raids aériens sur des cibles militaires près de Damas, a averti qu'il réagirait en cas de livraisons de ces missiles. «Si par malheur, ils (les S-300) arrivent en Syrie, nous saurons quoi faire», a affirmé le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon. Dans un contexte d'enlisement du conflit, qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts depuis mars 2011, l'UE a décidé de lever l'embargo sur les armes pour les rebelles. Les 27 sont cependant convenus de ne pas livrer d'armes aux rebelles dans l'immédiat pour ne pas nuire aux efforts de règlement politique, notamment à l'organisation de la conférence internationale de paix, initiée par Moscou et Washington et prévue en juin à Genève. Le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, a, de son côté, affirmé, hier mardi, que la Syrie risquait de connaître «plus de violences, de morts et de destruction» si l'Union européenne (UE) livrait des armes aux rebelles syriens. «Mon opinion ferme est que la seule façon de mettre un terme aux souffrances du peuple syrien passe par une solution politique», a déclaré M. Baird à la presse. S'agissant de l'opposition politique, elle est plongée, depuis bientôt une semaine, à Istanbul dans d'interminables discussions. Moscou a de nouveau insisté pour que l'Iran, soutien du régime de Damas, y participe, ce que les Occidentaux refusent. Téhéran a en outre annoncé accueillir, ce mercredi, une «conférence internationale» pour trouver une «solution politique» au conflit.