Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, qui a promis de se rendre, « dès que possible » en Afrique, a annoncé ces fonds dans le cadre d'une enveloppe plus globale d'« aides publiques et privées » équivalente à 24,2 milliards d'euros. Ce plan d'assistance a été détaillé devant une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains réunis, depuis hier, à Yokohama (région de Tokyo), pour ses 20 ans, à l'occasion de la cinquième conférence internationale de Tokyo pour le développement de l'Afrique (Ticad), co-présidée, cette année, par la Banque mondiale et l'Union africaine, sous le thème « Main dans la main pour une Afrique plus dynamique ». C'est au secteur stratégique des infrastructures, à travers, notamment, le développement des « couloirs internationaux » de transport et les réseaux électriques, que le plus gros des investissements (plus de 5 milliards sur 5 ans), a été consacré, pour pallier à l'état de déficience qui coûte à l'Afrique 2 points de croissance par an, selon le président de Djibouti, Ismaïl Omar Guelleh. Le bon taux de croissance moyen de 5%, essentiellement tiré par les exportations des matières premières, appelle, néanmoins, à une diversification économique et du partenariat international dominé par le statut privilégie de la Chine (13, 5% du commerce extérieur de l'Afrique, en 2009, contre 2,7% pour le Japon et la percée de certaines puissances du Brics (Brésil, Inde). Mais, face à la quête des ressources énergétiques du premier partenaire africaine, il est, désormais, privilégié une approche fondée sur « la création d'un marché commun, le développement industriel et celui des infrastructures », a plaidé le président sud-africain, Jacob Zuma. L'appel aux investisseurs japonais s'inscrit dans cette nouvelle démarche, impulsée depuis le dernier sommet Japon-Afrique de 2008. « J'invite une délégation du patronat japonais à organiser une visite de haut niveau en Afrique pour y voir un continent dynamique et en pleine santé (où) des investissements sont nécessaires dans de nombreux secteurs, de l'agriculture à l'industrie », a lancé le président en exercice de l'Union africaine (UA), Hailemariam Desalegn, devant un parterre de chefs d'entreprises nippons. L'enjeu ne manque pas de pertinence : un marché d'avenir attractif, fort de 2,2 milliards d'habitants, en 2025, et suscitant l'intérêt des Japonais mobilisant, à cet effet, 20 milliards de dollars d'assurance pour le commerce et l'investissement privés. D'autres formes de soutien sont aussi annoncées par le Premier ministre, Shinzo Abe, qui a évoqué le cas de la formation de 1.000 instructeurs agricoles pour favoriser le doublement de la production de riz dans la région sub-saharienne d'ici à 2018, le soutien à l'éducation de 20 millions d'enfants et l'amélioration de l'accès à l'eau potable pour 10 millions d'Africains. L'élan est donné. Le message de Yokohama concrétise une volonté de rapprochement de l'Afrique de la renaissance et du Japon du douloureux réveil du cauchemar nucléaire de Fukushima Dai-ichi. Deux décennies de repli ont coûté au Japon un retard préjudiciable dans le marché africain, aux potentialités et économiques très fortes, riches en matières premières et en pleine expansion : un PIB moyen dépassant « la barre des 1.000 dollars par habitant », selon le président de la BAD, Donald Kaburka, et un taux de croissance pour l'ensemble du continent, estimé à 4,8%, en 2013, et 5,3%, en 2014.