La survenance d'un tsunami en Méditerranée occidentale, suite à un fort séisme, pouvant frapper la façade maritime algérienne, est une forte probabilité, puisque un phénomène pareil est survenu en 1365 sur la côte algéroise, et en 1856, à Jijel. Une question se pose alors : l'Algérie est-elle suffisamment prête pour, en premier lieu prévenir au moment opportun les citoyens de ce risque et, en second lieu, réduire impact dévastateur sur les zones urbaines et économiques qui y sont exposées ? C'est toute la problématique disséquée et débattue, deux jours durant, par les chercheurs spécialisés, notamment en sismologie et en sciences de la mer, lors d'un séminaire international sur les tsunamis, organisé, hier et avant-hier, à l'Unité de développement des énergies solaires (UDES) de Bou-Ismaïl. Cette rencontre, à laquelle ont pris part, en plus des chercheurs algériens, des experts de six pays (Turquie, Espagne, Portugal, Italie, Etats-Unis et la France) a été couronnée par des recommandations visant à développer la recherche et des études approfondies sur ce phénomène et à mettre en place un système de prévention et de gestion efficient de ce risque, classé majeur. « La recommandation principale porte sur l'urgence de redynamiser le haut conseil de la mer, dont la mission est de coordonner les actions du point de vue scientifique et réglementaire et ce, pour garantir un environnement permettant à tous les acteurs impliqués dans ce dossier (tsunami) de travailler en symbiose », fait savoir le sismologue, Mustapha Maghraoui. Le volet inhérent à l'éducation, la sensibilisation et la formation des citoyens sur le risque de raz-de-marée a été largement débattu. « La gestion du risque de tsunami passe aussi par l'ancrage d'une culture préventive parmi les citoyens habitant dans des zones à risques. Il faut également mettre en place un plan de gestion de la zone côtière pour réduire l'impact des tsunamis dans les zones urbaines et infrastructures industrielles et commerciales », observe-t-il. La troisième recommandation est relative au développement d'observatoires de surveillance dotés de systèmes d'alerte au tsunami. « C'est un projet qui pourrait voir le jour à moyen terme », annonce le Pr. Maghraoui, qui a mis l'accent sur la nécessité, pour l'Algérie, d'élaborer une carte côtière fine des zones pouvant être inondées. Les sismologues écartent un séisme d'une amplitude de 7,5 en Algérie Selon les données dont disposent les sismologues, le risque d'un séisme dépassant les 7,5 degrés sur l'échelle ouverte de Richter est écarté en Algérie et en Méditerranée occidentale. « Dans le pire des cas, on peut être exposé à un tremblement de terre de magnitude 7,3, comme ce fut le cas à Chlef en 1980, avec une faille de 50 à 70 km. Si un séisme pareil se produisait en Méditerranée occidentale, le risque d'un tsunami sur les côtes africaines n'est pas du tout exclu. Et dans ce cas, la hauteur des vagues engendrées pourrait atteindre 4 mètres. Seulement, leur mpact sur le littoral différera d'une zone à une autre. Ceci reste tributaire d'une somme de facteurs physiques et géophysiques, notamment la morphologie des fonds marins », éclaire-t-il. Le tremblement de terre de Boumerdès de 2003, qui a engendré un tsunami sur les côtes des îles Baléares espagnoles, a été une opportunité pour les scientifiques pour mettre en place un système de modélisation basé sur des données réelles, et qui servira de modèle afin de prévenir l'impact de ce phénomène sur la partie occidentale de la Méditerranée.