Passer une journée entière avec les maîtres-nageurs dans une plage n'est pas de tout repos. Pour mériter le tee-shirt rouge du sauveteur il faut, en plus d'une maîtrise poussée des techniques de la nage et une grande capacité d'endurance physique, un sens de responsabilité frisant le sacrifice. « L'un des paramètres importants qui rendent nos interventions plus efficaces est le principe de la solidarité dans le groupe appartenant au même poste de secours. Cette solidarité est souvent façonnée par la complicité qui y règne. L'esprit d'entraide a été souvent déterminant dans la réussite de nos opérations de sauvetage», précise le chef de poste I. Malgré un métier dur, ce dernier se dit très content et surtout fier. «Je partage ma mission avec huit autres sauveteurs. Nous formons désormais une équipe soudée au sein de laquelle chacun maîtrise parfaitement ses missions et veille scrupuleusement sur son territoire», dévoile M. Zouaoui. Parmi les anciens de ce groupe, Karim Bouras. A son actif 22 ans d'expérience dans le domaine de sauvetage. Ses amis ne tarissent pas d'éloges lorsqu'ils évoquent les centaines de fois où il a courageusement sauvé d'une mort certaine des vies humaines en mer. L'hardiesse qui l'anime en accomplissant ses missions reste toutefois mesurée. Car, comme il le confie, pour sauver une vie, il faut être vraiment concentré sur son objectif sans tenter des manœuvres inutiles qui peuvent éventuellement fausser le résultat. « Lorsqu'on est sauveteur par vocation on cherche point l'héroïsme. L'essentiel est de réussir sa mission en ramenant le nageur hors du danger», remarque humblement le maître-nageur. En ce mercredi, le groupe de Zouaoui garde un œil, comme toujours d'ailleurs, sur la zone rocheuse qui prolonge le sable doré de Chenoua. Dans cette partie, normalement interdite à la baignade par arrêté du wali, il n'est pas rare de voir des jeunes par témérité ou par inconscience et même lorsque la mer est “démontée” piquer des plongeons. «C'est dans les zones rocheuses qu'on enregistre le plus de décès par noyade», renseigne à ce propos le lieutenant Michalikh, chargé de communication de la direction de la Protection civile. «On doit constamment surveiller cette zone, car à tout moment un baigneur peut se noyer», insiste Bilal. En plus de la partie de la plage, dont ils sont responsables, les maîtres-nageurs du poste I sont également obligés d'étendre territorialement leur compétence pour porter secours à des estivants qui apparemment ne se soucient point des consignes. « Le sauvetage des baigneurs de la noyade n'est qu'une partie de la mission qui nous est dévolue. On intervient également pour porter assistance et les premiers secours aux estivants qui se blessent. En plus, si une personne s'égare, notamment les enfants, on prend automatiquement les mesures adéquates afin de retrouver ses parents», précise M. Zouaoui. Comme pour confirmer ses propos, deux jeunes viennent solliciter un membre de l'équipe des sauveteurs pour soigner leur ami âgé de 23 qui vient de se couper le pied en glissant sur un rocher. Sans perdre une seconde, le blessé a été ramené par les surveillants de la plage jusqu'au poste de secours. Sur place, Zouaoui et Bouras, lui ont prodigué les premiers soins avant qu'il ne soit évacué vers une structure de santé proche. De 9hoo du matin jusqu'à 19h00, et ce depuis le début de la saison estivale, l'équipe du poste I de la plage Chenoua, relève quotidiennement un grand défi. Un chalenge qui l'a mis souvent aux prises avec les caprices de la grande bleue pour sauver des vies humaines. Au retour, ces maîtres nageurs, que le soleil brûlant de l'été a fini par fortement brunir, ne demandent rien. Sauf peut-être une chose : Que les estivants respectent les consignes de la nage. De s'en abstenir lorsque le drapeau est rouge et aussi de ne pas s'aventurer dans les zones rocheuses interdites à la baignade. «Cela va de leur vie», conclut Bilal.