« quiconque d'entre vous est malade ou en voyage, devra jeûner un nombre égal d'autres jours. Mais pour ceux qui ne pourraient le supporter qu'avec grande difficulté, il y a une compensation : nourrir un pauvre. Le paiement de la compensation s'applique exclusivement à ceux qui, à cause d'une grave maladie chronique ou de vieillesse, ne pourraient jamais remplacer les jours de jeûne manqués ». Verset de Sourate El Baqara du Saint Coran. C'est en fait ce verset qui a fait l'objet d'une journée d'étude pour les praticiens à l'auditorium du CHU Nédir de Tizi-Ouzou, jeudi dernier, et de deux journées de sensibilisation pour la population au niveau de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, dimanche et hier lundi. Deux manifestations organisées par l'équipe du service d'endocrinologie du CHU de Tizi-Ouzou sous la conduite du professeur Arbouche. Une rencontre qui a porté sur le diabète et le Ramadhan. Une difficile « corrélation » dans laquelle s'affrontent le scientifique et le religieux. Un terrain vaseux tant l'interprétation de l'un et de l'autre diffère comme l'est aussi leurs approches même si ces dernières arrivent parfois à converger, selon le degré et le type de maladie. Si bien que cette pathologie, notamment de type 1, et ce pilier de l'Islam, suscitent un débat de société du fait de la dimension de ce problème de santé publique qu'est le diabète, sachant que le jeûne durant le Ramadhan expose les diabétiques à un risque accru de complications. Les malades se retrouvent devant un gros dilemme. A savoir respecter les prescriptions religieuses et ne pas nuire à leur santé pendant le Ramadhan ou respecter les prescriptions médicales sans se culpabiliser vis-à-vis de la foi. D'ailleurs, pour nombre de spécialistes la règle d'or est de « ne rien imposer » et que « la décision du jeûne doit faire l'objet d'une discussion entre le médecin et son patient » pour tenter de le convaincre de faire l'impasse sur l'abstinence diététique. Et dans le cas contraire, les spécialistes se sont accordés à dire « si le malade insiste pour jeûner, avec son médecin ils doivent discuter d'une éducation appropriée portant sur l'activité physique, l'alimentation, l'auto-surveillance glycémique ainsi que les dosages et horaires de médication ». En fait, pour ces spécialistes, « il ne suffit pas de soigner, il faut dialoguer pour convaincre et éliminer les réticences des patients. Surtout que parfois psychologiquement le patient subit un choc émotionnel du fait du sentiment d'exclusion ressenti vis-à-vis de la famille et de la société. Toutefois, dans le diabète dit de type 2, le risque d'hypo et d'hyperglycémie étant moindre, le patient peut allier les deux mais, selon les participants, il ne doit pas mettre de côté et oublier « qu'il n'y a rien de tel que le Ramadhan pour déséquilibrer un diabète », avertissent les spécialistes qui préconisent justement cet équilibre vital. « S'il est bien équilibré et que le médecin arrive à adapter son traitement au changement de régime, on doit pouvoir y arriver à jeûner sans trop de danger », estime-t-on. Ainsi, pour le Pr Arbouche, « cette double manifestation s'imposait aux yeux des praticiens que nous sommes pour tenter de sensibiliser nos malades diabétiques dont le nombre est sans cesse croissant dans notre pays afin de trouver un juste équilibre entre la maladie et la foi », précisera-t-elle avant d'ajouter : « En fait, les dates ne sont pas fortuites car nous sommes à la veille du mois sacré du Ramadhan. Mois durant lequel nous sommes confrontés à de graves problèmes de santé, pouvant parfois conduire au décès, avec nos patients qui ont du mal à respecter la double prescription médicale et religieuse. » Pour conclure, les deux journées de sensibilisation à la maison de la culture Mouloud-Mammeri ont connu un vif succès du fait des nombreuses manifestations culturelles organisées au niveau de cette structure.