C'est une première dans les annales de l'artisanat algérien féminin et plus précisément l'art de la céramique. Deux céramistes algériennes, Hassiba Boussalem d'Oran et Yamina Tiboudi de Réghaia, participeront au Concours international de céramique qui se tiendra du 20 au 24 juin courant à Florence (Italie) sous le slogan « Mille et une femmes ». La même équipe participera à la foire de Torino prévue du 24 au 30 du même mois. Cette participation et cette sortie de l'ombre du savoir-faire féminin en matière de céramique sont rendues possibles grâce au jumelage de la Fédération nationale des artisans algériens (FNAA) et l'Association italienne « Jawhara » dont la présidente, Maria Paola Palladino, et le président de la FNAA, Réda Yaici, ont co-animé, hier, à Alger, une conférence de presse à la veille du départ des participantes vers l'Italie. Cette participation est, selon M.Yaci, « une renaissance de l'artisanat algérien et une reconnaissance du doigté et de l'adresse des jeunes et des femmes qui ont investi de plain-pied ce créneau. La Fédération, depuis sa création il y a une année, tend à promouvoir le métier traditionnel en voie de disparition comme c'est le cas de la dinanderie à Tlemcen et Blida d'où notre intérêt dans la signature de la convention-cadre avec le ministère de la formation professionnelle pour encadrer de jeunes artisans ». De son côté, Mme Palladino a mis en exergue l'intérêt d'un tel échange entre les céramistes des deux pays et de la découverte de l'Algérie à travers le travail des deux céramistes algériennes. Elle confirmera, en terme de découvertes et d'échanges, « l'arrivée prochaine d'un groupe de touristes italiens programmés pour découvrir Alger, Timgad et Djemila ». Hassiba Boussalem n'en est pas à sa première participation à une manifestation internationale. La dernière en date est le salon du tourisme à Paris (France). Pour cette ingénieur d'Etat en technologie textile, « faire découvrir l'artisanat algérien c'est aussi faire découvrir l'Algérie à ces potentiels touristes qui viendront un jour visiter le pays. C'est aussi réaffirmer sa place dans un milieu qui, en réalité, n'est pas étranger à la femme puisque l'Algérienne vivant dans les zones rurales tisse des tapis, des couvertures, travaille l'argile et l'osier. Personnellement, j'ai hérité ce don et cet amour de la céramique de mes grands-mères paternelle et maternelle. L'une était tisseuse de tapis et l'autre façonnait la poterie. Après mes études supérieures, j'ai versé dans ce métier en innovant puisque je viens de réaliser des pièces avec une nouvelle technique s'appuyant sur le relief à froid », explique-t-elle. Le parcours de Yamina est aussi intéressant. Cette jeune de Réghaia est céramiste depuis 15 ans. « Il y a cinq ans, j'ai contracté un prêt bancaire dans le cadre du dispositif de l'ANSEJ qui m'a permis de disposer de mon propre local. Une fois les dettes épurées, j'ai embauché cinq jeunes artisans pour les former et assurer ainsi la pérennité de notre activité ». La FNAA ne compte pas s'arrêter à cette participation puisque d'autres évènements se profilent à l'horizon et ce, dans un seul objectif : faire connaître le savoir-faire des artisans algériens et sauvegarder les métiers traditionnels.