Sur une cr�te, � pr�s de 1 200 m d�altitude, � trois kilom�tres de A�n-El-Hammam, la traditionnelle f�te du tapis des tisseuses d�Ath-Hichem, organis�e depuis 1989, par l�association culturelle Tiliwa et le comit� de village dans la commune d�Ath-Yahia, r�gion pittoresque de Kabylie, constitue une rencontre culturelle et symbolique exceptionnelle, qui rev�t un caract�re populaire des plus importants de la r�gion. Plac�e sous le haut patronage du ministre des PME et de l�Artisanat, de l�Int�rieur et de Mme la ministre de la Culture, du wali et de l�APW de Tizi-Ouzou ainsi que des collectivit�s locales, cette 8e �dition verra la participation d�une centaine d�artisans de pas moins de 15 wilayas du pays (Tizi-Ouzou, Alger, B�ja�a, Bouira, Tamanrasset, Adrar, Boussa�da, M�sila, T�bessa, S�tif, Tiaret, A�n T�mouchent, Ghara�a, Ouargla, Tipasa) qui repr�senteront diff�rents arts et m�tiers artisanaux. En plus, des tapis, les exposants auront � faire conna�tre les produits de l�artisanat traditionnel selon le programme de chaque wilaya, poterie, l�orf�vrerie, la peinture sur soie, la c�ramique, l�art plastique, la sculpture sur bois et bien d�autres encore. L��v�nement en question, en sus de son caract�re festif et commercial, promet des merveilles � tout visiteur qui foulera le sol d�Ath-Hichem. Le comit� organisateur esp�re ainsi redonner au tapis d�Ath-Hichem sa r�putation d�antan, de par son authenticit� et son qualit� artisanale, dont les motifs et la conception sont le pur produit de vaillantes tisseuses, ex�cut� � la main. Des chefs d��uvre associ�s aux chants po�tiques loin des galeries d�arts � travers lesquels la femme d�Ath-Hichem invente tout un univers de signes pour exprimer son v�cu. Les brimades subies, son bonheur et autres �tats d��me. De la r�ussite de l��v�nement se d�cidera la r�habilitation du tapis, la relance de l�artisanat dans la r�gion et par voie de cons�quence la relance du tourisme. La tenue de la 8e �dition dont le coup d�envoi a �t� donn� jeudi dernier dans la cour du CEM du village par le ministre de la P�che et le directeur de la Chambre des arts apr�s un vibrant hommage � ces femmes qui s��chinent dans l�ombre, en l�occurrence N. Taous et N. Ghenima, gardiennes des traditions, promet le rehaussement de l�art artisanal et l�implication des autorit�s afin de pr�server la tradition. Quant aux artisans, ils esp�rent enfin se voir soustraits des contraintes et emb�ches auxquelles ils font face en mati�re d�imp�t, de statut et de prise en charge. Rezika Mokrani Le tapis dans tous ses �tats Cette huiti�me �dition de la f�te du tapis d�A�t-Hichem, qui a r�uni 78 exposants, se fait sous le signe de la r�habilitation de cet artisanat bien de chez nous. Les salles de l��cole r�quisitionn�e pour la circonstance suffisent � peine � abriter les multiples vari�t�s de ces produits faits � la main. Les murs enti�rement garnis et les tables mises � contribution attestent d�une production abondante, captivant le le regard par une profusion de couleurs et de motifs. Le tapis d�nomm� aavane demeure la coqueluche des artisanes, parce qu�il prend des formes et des dimensions adapt�es � l�usage. Il peut �tre choisi �pais et lourd quand il sert de couvre-lit somptueux, plus fin pour le d�cor mural sobre quand il sert de tapis au sol. Plus de cent motifs sont transmis par la tradition locale dont certains terriblement symboliques comme cette t�te de serpent � propos de laquelle une dame nous avoue qu�elle symbolise le mari aux yeux de la femme opprim�e et soumise � son bon vouloir. Un m�me produit peut �tre d�cor� � la fois de motifs divers tels lemtharedhs, thikhamsiouine, thimechdhine, thiboukaline... Le tout baignant dans une �l�gante harmonie visuelle. Mme Mezhoura Benmama est tisseuse de tapis depuis son enfance. A 72 ans, elle garde tout son enthousiasme et elle a � c�ur de transmettre son savoir aux jeunes filles. Le travail du tissage est difficile et exige beaucoup de patience et de dext�rit�. Il faut un bon mois pour deux tisseuses travaillant conjointement pour achever un aavane, alors affich� � 16 000 DA, il n�est vraiment pas cher ! nous ditelle. Elle a expos� une multitude de cr�ations de ses mains et de celles des filles qu�elle encadre et qu�elle fait travailler dans une sorte de sous-traitance mutuellement b�n�fique. La production s�est peu � peu adapt�e au go�t des touristes nationaux et �trangers. C�est ainsi que l�on peut admirer des sacs � main tr�s jolis en laine, finement d�cor�s, des descentes de lits, des napperons de table, des tapis muraux ou de parterre de diverses dimensions et � dessins vari�s. Mais les pi�ces ma�tresses de l�exposition restent les grands ouvrages tels que aadhil nerkam, sorte de grande couverture �paisse avec des coloris et des motifs tous plus attrayants les uns que les autres, les aavaneet ikhelalene. Si la destination traditionnelle de ces produits est de tenir chaud en hiver, en faisant d�ailleurs partie obligatoirement du trousseau de la mari�e, leur somptueuse beaut� leur confr�re une fonction d�corative. Il reste que la production artisanale de tapis � A�t-Hichem d�pend pour une large part du march�. M. Hamid Nasri, de l�association Tiliwa, coorganisatrice de la f�te, ne manque pas de toucher du doigt le talon d�Achille de cette activit�. La majorit� des tisseuses ont des stocks invendus. Que fait l�Etat pour faire conna�tre nos produits � l�int�rieur du pays et � l��tranger ? Il faut d�velopper des r�seaux de vente. Il faut savoir qu�ici l�artisanat tapissier est une affaire de famille. On se le transmet de m�re en fille, et il y eut un temps o� plus de 500 maisons �taient vers�es dans ce m�tier. Avec le retour progressif de la s�curit� et la reprise quoique encore timide du tourisme, l�artisant d�A�t-Hichem veut croire en des lendemains qui chanteront. Amarouche