Tandis que plusieurs pays de la région déclarent ouvertement leurs aides militaires aux rebelles armés, les pays occidentaux, les Etats-Unis et l'Union européenne, hésitent encore à passer à l'acte, bien qu'ils aient publiquement annoncé leur intention de livrer des armes « sophistiquées ». C'est dans ce contexte que les ministres des Affaires étrangères de onze pays du groupe des « amis de la Syrie » (France, Royaume-Uni, Etats-Unis, Allemagne, Italie, Jordanie, Arabie Saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Turquie, Egypte) se réuniront aujourd'hui à Doha (Qatar) pour trancher la question. Il s'agit, selon des diplomates occidentaux, de discuter « de manière concertée, coordonnée et complémentaire » des besoins exprimés par le chef de l'Armée syrienne libre (ASL) Selim Idriss, pendant la réunion qui s'est déroulée le 14 juin à Ankara. Mais la partie n'est pas gagnée pour autant. Les pays occidentaux ont fait part de leurs craintes de voir ces armes détournées par les éléments du Front al Nosra qui domine le terrain. Après avoir poussé ses homologues européens à la levée de l'embargo sur les armes au profit des rebelles, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, revoit sa copie. Il a exclu, jeudi, que la France livre des armes qui pourraient « se retourner » contre elle. Côté américain, les responsables de la Maison Blanche ont multiplié ces derniers jours leurs contacts avec des représentants turcs pour mettre en œuvre la récente la décision du président Barack Obama, qui a appelé à l'armement de la rébellion, malgré l'opposition du Pentagone. Néanmoins, ces atermoiements n'ont pas empêché l'ASL de profiter d'une profusion d'armes. Son coordinateur politique et médiatique, Louaï Moqdad, a fait savoir que son « armée » a reçu récemment, de quelques pays, parmi ses soutiens actifs, des quantités d'armes « modernes » susceptibles de « changer le cours de la bataille » contre l'Armée syrienne, mais sans en préciser la nature. Le même responsable avait appelé, la veille (jeudi) à l'octroi notamment de missiles sol-air à courte portée Manpad, des missiles antichars, des mortiers, des munitions et des gilets pare-balles, en s'engageant « à veiller à ce que ces armes ne tombent pas aux mains de groupes incontrôlés ou extrémistes ». A New York, la patronne des opérations humanitaires de l'ONU, Valerie Amos, a insisté, jeudi, auprès du Conseil de sécurité pour faire passer les convois d'aide par la frontière turque afin d'élargir l'accès humanitaire en Syrie, soulignant l'« hostilité » de Damas qui le considère comme « contrôlée par l'opposition ».