A première vue, la question paraît pathétique. Pourtant elle n'a jamais été soulevée avec autant d'acuité. L'Europe va-t-elle revoir à la baisse son partenariat stratégique avec le « Big Brother » américain ? « Choqués » par les révélations rapportées cette semaine par les magazines britannique et allemand, The Guardian et Der Spiegel (sur la base des documents confidentiels obtenus par Edward Snowden, ex-consultant du renseignement américain) selon lesquelles l'Agence de sécurité nationale (NSA) surveillerait la communication entre les citoyens européens et viserait même des bureaux de l'Union européenne, les pays du Vieux continent n'entendent pas rester les bras croisés. La réaction la plus dure a été celle du président français François Hollande dont le pays figure parmi les « 38 cibles » de la NSA. Il a demandé, hier, à Washington de cesser « immédiatement » son espionnage. « Nous ne pouvons pas accepter ce type de comportement entre partenaires et alliés », a-t-il martelé en considérant que les éléments sont « déjà suffisamment réunis pour demander des explications ». M. Hollande va plus loin. « L'Europe ne pourrait avoir de négociations ou de transactions sur tous les domaines qu'une fois obtenues ces garanties », prévient-il. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a ordonné un contrôle de la sécurité de la Commission. La représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a demandé au secrétaire d'Etat américain John Kerry de « clarifier au plus vite » la situation. Ce dernier a rétorqué que la recherche d'informations sur d'autres pays n'était « pas inhabituelle ». « J'ai accepté de chercher à découvrir exactement de quoi il s'agit et je lui ferai part de mes conclusions », a-t-il souligné. Pour calmer les esprits, la Direction nationale du renseignement américain fait savoir Washington va « répondre de façon appropriée » par « les canaux diplomatiques » et le dialogue Etats-Unis-UE, entre experts du renseignement (...). « Si nous ne commentons pas publiquement les activités de renseignement supposées, nous avons été clairs sur le fait que les Etats-Unis recueillent des renseignements à l'étranger du type de ceux recueillis par tous les pays », souligne le communiqué de l'ODNI.