A l'expiration de l'ultimatum de 48 heures que lui a fixé, lundi, l'armée, il se voit « interdit » de quitter le pays. Mohamed Badie, le guide suprême des Frères musulmans, Khairat al-Chater, son « numéro 2 » et d'autres dirigeants de la confrérie aussi. Officiellement, cette interdiction entre dans le cadre d'une enquête sur une affaire d'évasion de prison de Wadi Natroun en janvier 2011. Réellement, en mettant à exécution sa menace de passer à l'acte s'il ne répondait dans les délais aux « revendications des manifestants », l'armée lui suggère de démissionner. Les conseillers de Morsi voient dans cette interdiction un « coup d'Etat militaire ». Retour sur le bras de fer Morsi-armée. Mohamed Morsi se drape dans sa « légitimité » qu'il est prêt à préserver en « donnant sa vie » car, dit-il, « elle est la seule garantie contre l'effusion de sang ». Il demande à l'armée de retirer l'ultimatum de 48 heures qu'elle lui a fixé pour trouver un accord sur le partage du pouvoir avec l'opposition, qui défile par millions contre lui depuis dimanche, ou de démissionner. « Choisi, il y a un an, par le peuple lors d'élections libres et équitables, je continuerai à assumer la responsabilité du pays », dit-il dans un discours qu'il a prononcé dans la soirée de mardi. La « légitimité » est « la seule garantie contre l'effusion de sang », insiste-t-il avant de mettre en garde contre le « piège » d'une violence « sans fin » Cette « intransigeance » booste l'opposition et irrite Abdel Fattah al-Sissi, le chef de l'armée. Ce dernier a rencontré, hier, juste avant l'expiration de l'ultimatum, Mohammed ElBaradei, le patriarche copte orthodoxe d'Alexandrie Tawadros II, et le grand imam d'Al Azhar, Ahmed Al-Tayeb. Il a rencontré aussi des représentants du parti salafiste al-Nour et du Parti de la liberté et de la justice dont est issu Morsi. Au menu de ces discussions, deux points. Un, une information destinée aux manifestants des deux bords : les militaires sont prêts à sacrifier leur « sang contre tous les (groupes) terroristes, extrémistes et ignorants ». Bien avant cette « annonce », le ministère de l'Intérieur, qui a recensé 47 morts lors des heurts entre pro et anti-Morsi, affirme qu'il répondra « fermement » à toute violence. Deux, la présentation de la « feuille de route » que l'armée a menacé de mettre en route si Morsi ne cédait pas. Cette « feuille » prévoit, selon Al Ahram, une transition sous supervision de l'armée, la nomination d'un conseil présidentiel de trois personnes dirigé par le président de la Haute cour constitutionnelle, une suspension de la Constitution pendant une période pouvant aller de 9 à 12 mois et l'élaboration d'une nouvelle loi fondamentale. Un gouvernement de technocrates pour préparer des élections présidentielle et législatives serait formé pour la période de transition sous « la direction d'un des chefs de l'armée », écrit le journal précisant que l'armée « supervisera les procédures » pour assurer « l'impartialité ». Selon le quotidien, toute personne s'opposant à ces mesures pourrait être placée en résidence surveillée, contrôle des avoirs, interdiction de quitter le pays. Les partisans du président préviennent. « Le peuple réagira à la rébellion militaire », affirme Essam el Erian, vice-président du Parti de la liberté et de la justice. Selon Al Ahram, les premières perquisitions des sièges des Frères musulmans sont révélateurs : les forces de sécurité ont découvert des armes et des munitions.