L'Alliance ne compte participer à l'Assemblée, que lors des travaux de préparation de la loi électorale qui doit régir l'élection d'un comité de rédaction de la Constitution. L'AFN, qui avait remporté les élections législatives du 7 juillet 2012 avec 39 sièges sur les 200 dont 80 réservés aux partis politiques, ne détient aucun poste clé au pouvoir. Elle affirme qu'elle ne « pourrait plus continuer dans une mise en scène politique dirigée par le pouvoir des armes et non par la volonté de l'électeur ». Des milices ayant combattu le régime de Kadhafi en 2011, dans le contexte du « printemps arabe », continuent à faire la loi dans le pays. Pour expliquer sa réaction, cette coalition a mis en garde contre les violences qui secouent le pays, et qui « illustrent clairement et dangereusement une déviation du processus de la révolution » libyenne. Elle a mis en garde aussi contre l'adoption d'une loi controversée sur l'exclusion politique des anciens collaborateurs du régime déchu de Mouammar Kadhafi, votée sous « la pression » de milices armées d'obédience islamiste. Dès son adoption, l'AFN avait estimé que cette loi est conçue sur mesure pour exclure son chef, Mahmoud Jibril, qui était président du Conseil économique et social du temps de l'ancien dirigeant. Selon Taoufik al-Chehibi, le président du bloc de l'AFN au Congrès, l'Alliance réclame essentiellement une « feuille de route » pour mettre fin à la période de transition qui devrait être dissoute le 8 février 2014, selon la déclaration constitutionnelle. « Nous allons avoir un vide politique. Qu'allons-nous faire après le 8 février ? Qui va diriger le pays ? C'est ça la question », a-t-il dit. Cette décision d'interrompre partiellement les activités de l'Alliance au Congrès serait-elle inspirée par ce qui se passe en Egypte ? Selon Abdelmajid Mligta, le président du comité directeur de l'Alliance, son parti « ne pourrait pas rester à l'écart de ce qui se passe sur les plans national et régional ». Il y a lieu de noter que des activistes libyens ont lancé plusieurs appels et initiatives sur les réseaux sociaux pour imiter le mouvement Tamarrod (rébellion) en Egypte. Tripoli traîne deux problèmes majeurs : le désarmement des milices et le spectre du fédéralisme. Jeudi soir, le chef du Conseil militaire de la Cyrénaïque, l'aile militaire des partisans du fédéralisme dans l'est, a été blessé par balle à Benghazi par un « groupe d'inconnus ». Ses deux accompagnateurs ont été tués dans l'attaque. Le ministère de l'Intérieur était toujours fermé par un groupe armé réclamant la dissolution de la Haute commission de sécurité, une force d'ex-rebelles.