Le gouvernement malien met le cap sur l'élection présidentielle, dont le premier jour de campagne doit débuter aujourd'hui. A trois semaines du jour J, Bamako lève l'état d'urgence en vigueur qui a été décrété le 12 janvier, deux jours après l'offensive lancée par des groupes terroristes armés liés à al Qaïda vers le Sud, et annonce la satisfaction des deux conditions sine qua non à la tenue du premier tour de la présidentielle : l'entrée de l'armée à Kidal, une première depuis plus d'un an (156 soldats sont déjà sur les lieux sous encadrement de Serval, la force française), et le cantonnement des rebelles du MNLA. Comme si ces mesures ne suffisaient pas, le Comité national de l'égal accès aux médias d'Etat du Mali innove. Il décide d'augmenter le temps d'antenne des candidats. « Pour leur permettre de s'exprimer sur la crise, nous avons décidé d'augmenter le temps à 5 minutes », explique Abdoulaye Sidibé, le président de ce comité. Outre ces cinq minutes, « tous les candidats auront droit un enregistrement de 10 minutes pour présenter leurs projets de société à travers les mêmes questions qui seront posées à chacun » et sur le lieu de son choix. Ces annonces, qui sous-tendent un retour progressif à la normale, vont-elles « satisfaire » les 28 candidats, dont une femme ? Tiébilé Dramé, ancien ministre et artisan de l'accord signé le 18 juin dernier à Ouagadougou entre le gouvernement et la rébellion, n'est pas satisfait. Il demande à la Cour constitutionnelle de reporter ce scrutin. Bien avant ce candidat et le Parena, son parti, qui a demandé un report de trois mois, Mamadou Diamountené, le président de la commission électorale nationale, a évoqué les insuffisances du processus électoral. Selon plusieurs analystes, dont ceux d'International Crisis Group, « les conditions ne sont pas du tout réunies » pour cette élection. Outre ce manque d'empressement exprimé par un candidat, les Maliens découvrent que leur armée n'est pas « bien accueillie » à Kidal. Entre 100 et 200 personnes ont manifesté, hier, leur hostilité à l'arrivée du premier contingent. « Simple provocation », comme le soutien Paris qui demande à Bamako de faire la sourde oreille ? L'Union européenne a commencé à déployer ses 59 experts chargés d'observer ce scrutin, présenté comme une étape cruciale pour rétablir l'ordre constitutionnel.