Le président égyptien par intérim a décrète l'organisation des législatives dans six mois au plus tard. « Ces élections, précise-t-il, devront avoir lieu dans les quinze jours suivant l'approbation par référendum, dans un délai de quatre mois et demi, des amendements à la Constitution. Adoptée en décembre dernier et accusée par l'opposition d'ouvrir la voie à l'islamisation de la législation, celle-ci a été suspendue après la destitution du président Mohamed Morsi. Un comité doit être formé d'ici quinze jours pour amender, dans un délai n'excédant pas deux mois, ce texte dont l'écriture a débuté sous la présidence de Morsi. Adli Mansour précise que l'article 2, qui stipule que la charia est la principale source de législation ne sera pas remis en question. Une semaine après la réunion du Parlement nouvellement élu, la date de l'élection présidentielle sera fixée, annonce celui qui détient le pouvoir exécutif. Fin de la crise ? Loin s'en faut. « Un décret constitutionnel par un homme nommé par des putschistes... ramène le pays à la case départ », affirme Essam al-Erian, un haut responsable des Frères musulmans appelant ceux qui militent pour l'instauration d'un Etat islamique et l'application de la charia, à de nouvelles manifestations, juste après l'enterrement de leurs « martyrs ». « Chaque province organise ses funérailles et manifestations », déclare Gehad El-Haddad, leur porte-parole. Al-Nour, le parti salafiste se retire de la transition et annonce son rejet de la feuille de route proposée par l'armée. Temporairement du moins. Al-Tayeb d'Al-Azhar, le grand imam d'Al-Azhar qui a cautionné lui aussi la « feuille de route » présentée par l'armée, opte pour un « retrait ». Jusqu'à la fin des violences, précise la principale autorité sunnite d'Egypte avant de réclamer une transition, n'excédant pas « six mois » et la mise en place en urgence d'un « comité de réconciliation nationale ». L'Egypte, où plus de 650 personnes ont commencé hier à être interrogées par les autorités après le lundi « rouge » qui fait plus de 50 morts et près de 500 blessés, n'arrive pas, ou presque à s'entendre aussi sur le nom d'un Premier ministre intérimaire. Après avoir désigné successivement Mohamed ElBaradei, Ziad Bahaa Eldin et Samir Radouane, à la tête du Premier ministère, on apprend, hier, la nomination de l'économiste Hazem al-Beblawi, comme Premier ministre. Selon Ahmed al-Muslimani, le porte-parole de la présidence, le prix Nobel de la paix ElBaradei devient vice-président en charge des relations internationales. Une semaine après le « limogeage » de Morsi, personne ne semble en mesure de présenter un projet capable de fédérer et de redresser le pays.