La table doit être bien garnie et surtout bien pleine aussi bien pour l'œil que pour les effluves émanant des différents mets. Ce qui fait dire qu'on ne mange bien que durant le mois sacré de Ramadhan. Effectivement. Car une chorba, un plat de résistance, des boureks, des salades, des boissons, des gâteaux qui accompagnent le thé pour la soirée...et ce sont autant d'heures de travail et autant de temps passé dans la cuisine. Sur un autre plan, c'est beaucoup de dépenses. Certaines familles commencent les préparatifs bien avant le jour « J ». Elles commandent le « frik » dans leur région d'origine par exemple. Elles achètent quelques kilos en prévision et en provisions. C'est sacré. Larbi, un haut fonctionnaire natif de Souk Ahras, cadre supérieur dans une banque à Alger, affirme que « le frik de Souk Ahras est le meilleur au monde ». Par conséquent, il ne conçoit pas sa chorba sans ce petit « zeste » de son village natal. Son frère du bled le lui envoie par colis recommandé comportant la mention « express ». D'autres sollicitent le service des femmes qui roulent le couscous. Car, le s'hor, le deuxième repas aussi important que celui du f'tour, est composé de couscous aux raisins secs accompagné de petit-lait. Avant le mois sacré, beaucoup de ménagères ont recours à ce service. A raison de 100 dinars le kg, elles font le « plein » pour être tranquilles. La tomate, ingrédient incontournable de la chorba, est achetée à l'avance à prix abordable, puis stockée dans les congélateurs. D'autres familles algéroises iront jusqu'à préparer leur propre vermicelle maison. Elles n'hésitent pas à faire appel aux voisines et cousines pour travailler les fines pâtes roulées entre le pouce et l'index enrobées d'huile, puis séchées au soleil et conditionnées en bocaux. « Cela donne un goût particulier à la chorba », dira Zahida, née à la Casbah d'Alger. La datte deglet nour de Biskra fait son apparition sur les étals. En raison de son prix exorbitant, la famille Slimani n'hésite pas à parcourir les 900 km (aller-retour) à Biskra pour ramener plusieurs régimes pour leur propre consommation et celle des voisins et amis. Les différentes épices ainsi que le fameux ras el hanout sont achetées en grains, triées puis moulues finement juste avant Ramadhan pour qu'elles gardent leur saveur et leur arôme. Elles font partie des provisions dont les ménages achètent en grandes quantités pour le Ramadhan et au-delà de ce mois sacré. Concernant l'ail et l'oignon, deux condiments de la famille des liliacées, ils sont proposés en bottes à des prix abordables. Leur maturation se termine dans un endroit frais et sec. Ce ne sont là que quelques échantillons de denrées alimentaires que beaucoup de familles s'empressent d'acheter et de stocker pour faire honneur à meïdet Ramadhan.